Sur la première photo, une jolie jeune fille nous regarde. C’est le mois d’octobre 2019, Amandine a 12 ans et un sourire timide, elle vient d’entrer en 4e. Photo suivante. Un cadavre nous regarde. Voilà Amandine, dix mois plus tard, le 6 août 2020, les orbites enfoncées et les yeux mi-clos, une ecchymose sous l’œil droit et une plaie sur le nez, la bouche ouverte, une incisive cassée, une touffe de cheveux arrachée et les joues creusées, tellement creusées. L’image, effroyable, fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre. Elle s’imprime sur la rétine et ne s’efface plus.
Le président Eric Emmanuelidis a fait diffuser cette photo, au début du procès qui a occupé la cour d’assises de l’Hérault toute la semaine du 20 janvier, et s’est tourné vers Sandrine Pissarra. « Regardez. Voilà le visage de votre fille, madame. Comment pouvez-vous dire que vous n’avez pas compris ce qui lui arrivait ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ? »
Vendredi 24 janvier, la petite femme de 54 ans aux longs cheveux châtain clair a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité avec sûreté des deux tiers – le maximum encouru –, jugée coupable de « violences » et d’« actes de torture ou de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Jean-Michel Cros, petit homme trapu de 49 ans, son compagnon à l’époque des faits, a été condamné à vingt ans de réclusion pour « privation de soins et d’aliments ».
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