Des collectifs d’opposants et le mouvement écologiste Soulèvements de la Terre appelle à manifester, samedi 12 octobre, en Gironde, contre la future ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) du Sud-Ouest, un rassemblement placé sous surveillance par les autorités.
« Cette nuit, plusieurs tirs en direction de l’hélicoptère de la gendarmerie qui effectuait un survol de reconnaissance du site occupé en Sud Gironde par les opposants au projet, ont été entendus », a annoncé la préfecture samedi matin sur X en précisant qu’une enquête a été ouverte. « Ni l’équipage, ni l’aéronef n’ont été touchés », affirme le préfet Etienne Guyot qui « dénonce ces agissements intolérables ».
C’est là, aux confins de la forêt landaise, que doit avoir lieu, samedi après-midi, une manifestation non déclarée et aux contours encore flous, présentée par les organisateurs comme une série de « jeux » contre la liaison à venir entre Bordeaux, Toulouse et Dax – « grand projet inutile » d’une quinzaine de milliards d’euros, dénoncent-ils.
Les autorités évoquent la possible participation d’environ trois mille opposants avec « plusieurs centaines de personnes violentes ». « Des armes par destination, des arbalètes, des fusils, des boules de pétanque, des cagoules » ont été saisies lors de contrôles en amont, a précisé le préfet de la Gironde, Etienne Guyot. Selon une source proche des forces de l’ordre citée par l’Agence France-Presse (AFP), moins de deux cents personnes étaient présentes vendredi soir dans un campement installé sur un terrain privé de la petite commune de Lerm-et-Musset, à 75 kilomètres au sud de Bordeaux.
« L’objectif n’est pas de laisser s’installer une ZAD »
Si des travaux ont commencé au nord de Toulouse, l’autorisation nécessaire à des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), préalables au chantier de la LGV lui-même, prévu pour 2028, reste à délivrer d’ici à la fin de novembre.
Le préfet, qui a interdit toute manifestation dans plusieurs communes de la métropole bordelaise, appelle au calme et rejette l’idée qu’un campement d’opposants ou ZAD (« zone à défendre ») puisse s’installer sur le futur tracé. « L’objectif n’est pas de laisser s’installer une ZAD », a-t-il prévenu vendredi.
La LGV vise à relier, en 2032, Toulouse à Paris en trois heures et dix minutes, soit un temps de trajet réduit d’une heure. Un embranchement traversant l’est de la forêt landaise doit relier Dax à Bordeaux en vingt minutes de moins et, un jour, permettre des liaisons directes avec l’Espagne. Le président (PS) de la Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, défend un « investissement pour un siècle au moins » qui permettrait de « sortir » de la route les 10 000 camions qui remontent chaque jour d’Espagne, en libérant les lignes existantes pour le fret.
Mais les opposants – élus et parlementaires locaux, habitants, sylviculteurs ou viticulteurs – dénoncent un projet « mortifère » qui conduirait, selon eux, à l’artificialisation d’environ 5 000 hectares, en traversant notamment la vallée du Ciron, affluent de la Garonne, où se trouve une hêtraie ancestrale. Ils prônent une rénovation des lignes existantes pour développer les « trains du quotidien » et critiquent l’imposition d’une taxe spéciale à 2 340 communes proches du tracé pour ce chantier « pharaonique », cofinancé par l’Etat, les collectivités locales et l’Union européenne.