Marine Le Pen pourrait écoper lundi 31 mars d’une inéligibilité immédiate dans l’affaire des assistants d’eurodéputés.
Une condamnation qui l’empêcherait de se présenter pour la quatrième fois à l’élection présidentielle en 2027.
Si elle affiche son calme, assurant qu’elle fera appel, son entourage se montre beaucoup plus circonspect.
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Affaire des assistants parlementaires : Marine Le Pen et le RN à l’heure du jugement
Attendue par ses juges lundi matin pour connaître son sort judiciaire dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, Marine Le Pen, 56 ans, joue son avenir politique depuis que le parquet a réclamé son inéligibilité immédiate. Ce qui l’empêcherait de concourir à la présidentielle pour la quatrième fois consécutive en 2027.
« Je lis ici et là que nous serions fébriles. Personnellement, je ne le suis pas, mais je comprends qu’on puisse l’être. Les juges ont un droit de vie ou de mort sur notre mouvement », commente la cheffe de file du Rassemblement national à l’Assemblée dans La Tribune Dimanche. Mais « je ne crois pas qu’ils iront jusque-là », s’empresse-t-elle d’ajouter.
Devra-t-elle (ou pas) faire appel ?
À la surprise générale, l’accusation a requis en novembre à son encontre une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire s’appliquant immédiatement, même en cas d’appel, en plus de cinq ans de prison dont deux ferme (une peine aménageable) ainsi que 300.000 euros d’amende.
« Si je suis interdite de me présenter avec exécution provisoire, c’est-à-dire avec l’impossibilité en réalité que mon appel puisse avoir une influence sur la décision qui a été prise, ce serait incontestablement une décision profondément antidémocratique », avait récemment estimé Marine Le Pen, assurant qu’elle ferait dans ce cas, malgré tout, appel de la décision.
Un « plan B » comme Bardella
Ses proches s’interrogent néanmoins tout haut quant à l’opportunité d’un deuxième procès si aucune peine d’inéligibilité n’était prononcée, ou si l’empêchement de se présenter aux élections était inférieur à deux ans, ce qui lui permettrait de recouvrer ses droits civiques suffisamment tôt pour concourir à la prochaine présidentielle. Inconvénient : ne pas faire appel d’une condamnation reviendrait à admettre sa culpabilité.
Seule une hypothétique décision en appel davantage clémente pourrait alors lui permettre de se placer sur la ligne de départ pour 2027… à condition que ce deuxième procès ait lieu avant l’échéance électorale. « Et puis si elle est condamnée à l’exécution provisoire, ça fait une préparation à la présidentielle particulière, quand même, c’est une épée de Damoclès », observe un proche.
Un autre, pessimiste, convoque pour commenter cette affaire l’antienne lepéniste du « Système », supposément derrière les malheurs du parti à la flamme, qu’il compare « au bus du film Speed : ils ne peuvent plus s’arrêter, sinon le bus explose ». Manière de s’attendre à une lourde condamnation. Jusqu’à imaginer que Marine Le Pen renonce ? « Non. Le verbe est créateur », coupe court un député.
Si l’idée d’un « plan B », comme Bardella, pour porter les couleurs du parti dès la présidentielle de 2027 est réclamée par certains militants, aucun cadre ne s’y risque. L’opinion publique, en revanche, s’y prépare déjà : dans une étude Ifop-Fiducial parue début mars, 60% des Français pronostiquaient une candidature du jeune patron du RN à la présidence de la République dans deux ans. Mieux : 43% la « souhaitent ». Un point de plus que Marine Le Pen.