Le ton est monté ces derniers jours entre le Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes) et le gouvernement, formalisant l’impasse dans laquelle se trouvent les deux orques du parc fermé depuis six mois, même si le président Emmanuel Macron a assuré qu’une solution serait trouvée avec les défenseurs des animaux.
« Il est urgent que vous preniez vos responsabilités pour régler cette situation que vous avez vous-même provoquée [… et] dont vous serez tenue responsable le moment venu », a dénoncé la direction du parc la semaine dernière dans un courrier adressé à la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
« Il me semble que le parc a une responsabilité de prendre en charge les animaux qui leur ont permis de faire des profits pendant des années. C’est maintenant au parc de nous faire des propositions », a répliqué la ministre, interrogée à Nice en marge de la 3e Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) sur le sort de Wikie (24 ans) et de son fils Keijo (11 ans).
Lors d’une émission mardi 10 juin soir sur France 2, le président Emmanuel Macron a salué la fermeture du parc comme une réussite, avant d’assurer à Paul Watson, fondateur de l’ONG Sea Shepherd, qui plaide pour la création d’un sanctuaire : « On va trouver la solution avec vous, la ministre va trouver la solution avec vous ».
Marineland a fermé en janvier en raison du désamour du public pour ce modèle de parc et de la loi de 2021 sur le bien-être animal qui interdira à partir de fin 2026 les spectacles de cétacés, sa principale attraction. Mais les orques sont toujours là : en novembre, Mme Pannier-Runacher a refusé qu’elles partent au Japon, et en avril, Madrid a mis son veto à un transfert à Tenerife, dans le seul parc européen équipé.
« Situation intenable »
Dans son courrier, que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter, Marineland enjoint la ministre à insister auprès des autorités espagnoles ou à donner son feu vert pour le Japon : « Vous savez parfaitement qu’il n’existe aucune autre solution ».
« Aujourd’hui, il n’y en a aucune au plan mondial pour des orques », a reconnu Mme Pannier-Runacher, qui doit en revanche s’entretenir dans la semaine avec ses homologues italien et grec avec un bon espoir d’aboutir à la mise en place dans ces deux pays des sanctuaires pour les dauphins.
Il y en a douze à Marineland, mais rien ne sera prêt avant au moins un an, a reconnu la ministre. En attendant, la direction a récemment déposé une nouvelle demande pour envoyer dix dauphins dans un parc à Malaga et deux à Tenerife.
Pour les orques, seule Sea Shepherd semble croire à la possibilité d’un sanctuaire de semi-liberté pour ces animaux nés en captivité. « On a des lieux pressentis en Grèce », explique Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, qui a proposé de mettre cinq millions d’euros sur la table et se dit confiante de trouver les dons et mécénats nécessaires pour faire tourner un sanctuaire offrant à la fois une issue décente à la crise et « des perspectives de recherche absolument passionnantes » sur les orques.
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En attendant, l’ONG a obtenu du tribunal administratif de Nice une expertise sur l’état des bassins pour s’assurer qu’ils puissent garder les orques le temps nécessaire. Une option inadmissible pour le parc, qui évoque « des bassins en fin de vie » et « une situation intenable » pour les orques comme pour les soigneurs, qui vont perdre leur emploi.
Plutôt discrets jusqu’à présent, ces derniers ont diffusé une vidéo lundi sur Facebook, en assurant s’occuper sept jours sur sept des orques et des dauphins, pour certains depuis plus de trente ans.