Marion Maréchal s’estimait, non sans raison, maltraitée chez Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour. La manière dont elle est reçue dans son ancienne famille politique lui fera-t-elle regretter ses anciens partenaires ? Marion Maréchal, qui a épargné le Rassemblement national (RN) durant sa campagne européenne et tracté pour ses candidats aux législatives, annonce créer un parti pour porter Marine Le Pen à l’Elysée en 2027. Mais elle ne récolte en retour qu’un concert de silences, où l’on aura du mal à lire autre chose que du mépris. Il ne s’est trouvé personne au RN, pas même sa tante, pour lui souhaiter publiquement bonne chance. Et ce n’est pas uniquement car l’annonce a été faite lundi 7 octobre, jour anniversaire des massacres commis par le Hamas en Israël, garantie d’un écho très relatif.
Né sous ces fâcheux auspices, le parti Identité-Libertés n’est en fait que le nouveau nom du Mouvement conservateur, microparti né de l’opposition au mariage pour tous et s’adressant à un électorat catholique conservateur et hostile à l’immigration. Marion Maréchal y ajoutera une dimension de libéralisme économique, pour former un tout qui ressemble à Reconquête !, sans Eric Zemmour ni ses soutiens de la première heure. « Je veux porter la voix d’une droite civilisationnelle qui soit à la fois antiwoke, antiassistanat et antiracket fiscal en rompant avec le “socialisme mental” », dit-elle au Figaro. Et le Mouvement conservateur change donc de présidente : la députée européenne Laurence Trochu cède sa place à la petite-fille de Jean-Marie Le Pen.
La force du parti réside dans l’incarnation de Marion Maréchal, dont l’image ne semble pas souffrir des va-et-vient partisans, et dans ses sept parlementaires, c’est-à-dire sept fois plus que Reconquête ! : quatre députés européens (outre Maréchal et Trochu, Nicolas Bay et Guillaume Peltier), siégeant aux côtés de la présidente du Conseil italienne, Giorgia Meloni, et trois députés à l’Assemblée nationale (Thibaut Monnier, Drôme ; Eddy Casterman, Aisne ; Anne Sicard, Val-d’Oise), dans le groupe du RN. Ses partisans veulent croire, par ailleurs, que l’ancienne coqueluche de l’extrême droite peut incarner un courant de pensée entre le conservatisme et la réaction, catholique pratiquant, une bourgeoisie de l’ouest de la France à qui ni le RN ni Eric Ciotti ne parlent.
Elle s’imagine en alliée du RN
Pourtant, les obstacles abondent. Son mouvement est une coquille à structurer. Son segment politique reste encombré par Reconquête !, qui n’a plus la vigueur d’antan mais conserve, autour d’Eric Zemmour et sa compagne, la députée européenne Sarah Knafo, une force de frappe médiatique et numérique. Domine, surtout, l’impression d’un fossé entre la place que Marion Maréchal s’imagine aux côtés du RN, et celle qui est réellement la sienne. Dans ses premières interviews, elle se décrit comme l’alliée du RN, l’un des trois mâts d’un « trimaran » nommé « union des droites », dont Marine Le Pen serait l’incarnation la plus forte.
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