- Deux employées du tribunal judiciaire sont soupçonnées d’avoir consulté et transmis des données sensibles.
- Les informations auraient profité à des procès de la DZ Mafia, aujourd’hui dominante sur le marché des stupéfiants à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône.
- L’affaire est l’un des premiers dossiers de la nouvelle cellule anticorruption du parquet de Marseille.
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La France en proie au narcotrafic
C’est un dossier qui illustre la pression croissante du crime organisé sur les institutions marseillaises. Deux agentes administratives du tribunal judiciaire ont été mises en examen pour avoir détourné, à des degrés différents, l’usage de fichiers judiciaires au profit de leurs proches liés au narcobanditisme (nouvelle fenêtre). Un cas emblématique de cette « corruption de basse intensité », que les enquêteurs tentent désormais de repérer au plus vite.
Créée en octobre pour endiguer les tentatives d’infiltration visant les tribunaux, prisons ou douanes, la cellule anticorruption traite déjà 18 dossiers. Celui-ci est le premier à conduire à des mises en examen formelles. Interrogé au micro de TF1 dans le reportage visible en tête d’article, le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone assure avoir « constaté statistiquement une augmentation de phénomènes larges d’atteinte à la probité liée à ce narcotrafic »
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Nous avons constaté une augmentation de phénomènes d’atteinte à la probité liée au narcotrafic
Nous avons constaté une augmentation de phénomènes d’atteinte à la probité liée au narcotrafic
Nicolas Bessone, procureur de République de Marseille
Il faut dire que selon les premiers éléments confirmés par le parquet, les deux agentes, âgées de 24 et 26 ans, auraient chacune utilisé leur accès aux fichiers judiciaires pour aider, volontairement ou non, des proches liés au crime organisé. La première, âgée de 26 ans, aurait consulté à plusieurs reprises des données internes entre janvier 2023 et juillet 2025. Les enquêteurs la soupçonnent notamment d’avoir transmis ces informations à son compagnon, impliqué dans des trafics.
Liens avec la DZ Mafia
Elle est désormais mise en examen pour détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel, avec interdiction de fréquenter le tribunal ou d’accéder aux fichiers. La seconde, 24 ans, est impliquée plus lourdement. Elle aurait procédé à une cinquantaine de consultations, parfois en lien avec des dossiers d’assassinat, avant d’en transmettre le contenu à son ex-compagnon, considéré comme proche de la DZ Mafia, l’un des groupes les plus influents du narcotrafic de l’Hexagone.
Argent, cadeaux et voyage
Elle aurait perçu en échange de ses informations de l’argent pour un total de 3.600 euros, des cadeaux divers et même des voyages, selon les premiers éléments de l’enquête. Pour tout cela, elle est mise en examen et placée sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer dans tout ministère régalien. Et ce n’est pas tout : le petit ami de la jeune femme est lui aussi poursuivi, soupçonné de corruption active et de recel de fichiers. Le parquet a demandé l’incarcération des trois mis en cause et a fait appel des décisions du juge des libertés, qui ne les a pas placés en détention provisoire.
Ce n’est pas la première affaire de ce type dans la cité phocéenne. En avril 2025, une greffière avait déjà été écrouée pour des consultations illicites semblables, au profit d’un trafiquant qui était alors son compagnon. « De pouvoir être renseigné sur l’activité de ceux qui sont chargés de lutter contre le phénomène est un avantage »
, assure de son côté Nicolas Bessone.









