Comme Henri Salvador (1917-2008) et Laurent Voulzy avant lui, il songe à des refuges insulaires pour échapper à la grisaille du quotidien. Qu’il chante avec une même douceur et davantage de gravité. Après Vivo en Panama (2021), premier album prometteur mais manquant d’une direction esthétique claire, entre français et espagnol, berceuses et embardées latinas, Mathieu des Longchamps change d’envergure avec Le Vert et le Bleu. Dont le dépouillement folk met pleinement en valeur son écriture sensible.
Ainsi de la mélodie mélancolique sur un picking délicat de La Vie des autres, du temps qui érode tout évoqué sans pathos dans Nos bâtisses (« Tous les murs se flétrissent/ Non, il n’y a pas de paradis sur Terre/ Et tout le sel que dépose la mer/ A eu raison de nos bâtisses ») ou du manifeste existentiel, en deux couleurs, de la chanson-titre, exposé comme une photo de Yann Arthus-Bertrand. « Le vert et le bleu, décrit-il, c’est une vision d’en haut, avec la jungle qui touche l’océan. Pendant longtemps, mon rêve a été de vivre dans une cabane avec rien, un palmier et un hamac. J’étais à la recherche d’un paradis perdu qui est chez moi celui de l’enfance, je voulais reproduire ce que mes parents ont fait. C’est un rêve, mais je crois qu’il est possible pour l’avoir effleuré du bout des doigts. »
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