Médecins du monde a dénoncé, mercredi 3 septembre, le projet gouvernemental de durcir l’accès à l’aide médicale d’Etat (AME) destinée aux étrangers en situation irrégulière, ce qui, selon l’association, « menace l’équilibre de notre système de santé solidaire ».
« Ces mesures auraient des conséquences directes et graves sur la santé des personnes en situation irrégulière les plus précaires » et « elles pèseraient inévitablement sur les urgences et sur les hôpitaux, accentuant la crise de notre système de santé », alerte dans un communiqué Matthias Thibeaud, référent plaidoyer pour Médecins du monde.
Le gouvernement envisage, selon des projets de décrets consultés par l’Agence France-Presse (AFP), plusieurs mesures pour revoir les conditions d’accès à l’AME et réduire la liste des soins de santé pris en charge par le dispositif.
Une mesure « démagogique, cynique et indécente »
Parmi ces mesures, la présentation obligatoire d’un document avec photo est « un frein énorme qui va faire exploser le taux de non-recours », car « beaucoup de personnes qui ont quitté leur pays se sont fait voler ou confisquer leurs papiers », a affirmé M. Thibeaud à l’AFP.
Le conditionnement de l’accès à l’AME aux ressources du conjoint entraînerait quant à elle « une éviction pure et sèche de dizaines de milliers de personnes du dispositif », qui pourrait concerner « 40 000 femmes précaires », a-t-il ajouté. Dans son communiqué, l’ONG assure que « cela conduirait en outre à accroître les situations d’emprise et de dépendance conjugale » de ces femmes.
La mise en place d’un « accord préalable » pour certains soins conduirait, par ailleurs, « à des retards voire à des renoncements aux soins », ajoute l’ONG. « Prendre en charge une carie, une prothèse, avoir des lunettes, c’est essentiel pour vivre correctement », a affirmé à l’AFP M. Thibeaud.
La volonté, enfin, d’exclure la balnéothérapie du panier de soins pris en charge par l’AME est « une mesure d’affichage », selon le référent plaidoyer de Médecins du monde : « Laisser croire que des personnes traversent la Méditerranée ou viennent en France pour bénéficier de soins en balnéothérapie est insupportable. C’est une mesure purement démagogique, cynique et indécente. »