Donald Trump joue aux montagnes russes tout seul. Après avoir grimpé à des sommets, avec l’annonce de droits de douane « réciproques » sur le reste du monde, le 2 avril, le voilà désormais qui redescend aussi vite. Les taux absurdes annoncés initialement, qui ne reposaient sur aucun calcul sérieux (50 % sur le Lesotho, 46 % sur le Vietnam, 20 % sur l’Union européenne…), n’ont tenu qu’une semaine, ayant été suspendus pour quatre-vingt-dix jours dès le 9 avril. Un accord avec le Royaume-Uni a suivi, le 8 mai. Puis est arrivé le plat de résistance, avec la suspension pour quatre-vingt-dix jours des droits de douane imposés à la Chine, annoncée le 12 mai.
Que ce soit la tempête financière qui ait forcé la main du président américain, ou que ce soit une savante tactique de négociation, peu importe : le recul est spectaculaire. Il n’est pourtant que partiel. Même après ces concessions, les droits de douane des Etats-Unis sur le reste du monde sont aujourd’hui beaucoup plus élevés qu’ils n’étaient il y a trois mois, étant passés de 2,5 % à 14 % en moyenne, selon les calculs de Barclays, une banque britannique. C’est certes mieux que les 25 % atteints au sommet des trépignations trumpiennes, mais cela reste leur plus haut niveau depuis les années 1930. Même si Donald Trump fait des gestes supplémentaires, ce qui est possible, le commerce mondial a changé d’ère.
« On n’est pas encore sortis d’affaires », souligne une note du cabinet Capital Economics. L’accord chinois en est l’exemple le plus spectaculaire. Après la désescalade, les droits de douane américains imposés à la Chine s’élèvent désormais à 39 %, contre environ 13 % fin 2024. On a beau être loin des 145 % brandis par Trump l’espace de quelques semaines, le coup de frein au commerce entre les deux pays sera violent.
Une récession aux Etats-Unis reste possible
L’accord avec le Royaume-Uni représente aussi un résultat aigre-doux pour Londres. Les Britanniques obtiennent l’annulation des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, ainsi que sur les voitures (dans la limite d’un quota de 100 000 véhicules, ce qui était exactement le niveau d’exportation des véhicules britanniques en 2024). Mais, comme à l’ensemble de la planète, les Etats-Unis continueront à imposer des droits de douane de 10 % sur l’ensemble des autres exportations du Royaume-Uni.
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