La machine du fait divers et de sa récupération s’est mise en route et, l’émotion aidant, l’assassinat d’une jeune femme, dont le corps a été retrouvé le 21 septembre enterré dans le bois de Boulogne, rebondit en polémique sur l’immigration.
Alors que l’auteur présumé du meurtre de l’étudiante de 24 ans, arrêté en Suisse le 24 septembre en fin de journée, est un Marocain déjà condamné pour viol et faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré, mercredi 25 septembre, qu’il fallait « faire évoluer notre arsenal juridique ».
Rompues à ces récupérations, les sphères d’extrême droite identitaires ont repris le terme de « francocide » inventé par le polémiste Eric Zemmour et organisent des collages d’affiches, usant des mêmes méthodes qu’après le meurtre en 2023 de Lola, âgée de 12 ans, tuée par une ressortissante algérienne également tenue de quitter le territoire français.
Même des représentants de la gauche sont montés au créneau, comme le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui jugeait, mercredi 25 septembre sur BFM-TV, que « quand on a quelqu’un qui est en détention, qui est un individu dont on peut penser qu’il est une menace pour la société française, on ne devrait pas avoir à le libérer avant même qu’on ait l’assurance qu’il pourra repartir ». L’ancien président de la République, François Hollande, a lui mis en cause sur Franceinfo « le problème des OQTF : il faut que ça aille vite ».
« Chef-d’œuvre de l’investigation »
La polémique éclipse la rapidité d’une enquête qualifiée par une source judiciaire de « chef-d’œuvre de l’investigation ». Sans empreinte génétique sur les lieux du crime, les enquêteurs de la brigade criminelle sont parvenus à isoler plusieurs séquences horaires déterminantes en analysant le trafic téléphonique dans deux zones, le secteur du bois de Boulogne et celle où un retrait d’argent liquide à un distributeur de billets de Montreuil (Seine-Saint-Denis) a été effectué avec la carte bancaire de la victime. Il leur a fallu ensuite croiser des milliers de données pour identifier le profil d’un suspect.
Taha O. , âgé de 22 ans, avait été condamné le 5 octobre 2021 par la cour d’assises des mineurs du Val-d’Oise à sept ans d’emprisonnement pour un viol commis en 2019 alors qu’il était mineur. Il a été détenu à partir de 2019 et libéré en fin de peine en juin 2024, d’après le parquet de Paris, qui a ouvert une information judiciaire, mardi 24 septembre, des chefs de « meurtre », ainsi que de « viol, vol et escroquerie, toutes infractions commises en état de récidive ».
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