Pendant plus d’un mois, Sam Nordquist, un jeune homme américain transgenre, a été séquestré dans un motel, torturé puis abandonné mort : les détails de ce supplice révélés par la justice ont choqué aux Etats-Unis, où la communauté trans s’inquiète du retour au pouvoir de Donald Trump.
Les restes du jeune homme de 24 ans avaient été découverts par la police le 12 février au bord d’une route traversant un champ de ferme, dans la région des « Finger Lakes » au nord de New York.
Selon la police, il était parti de l’Etat du Minnesota en septembre et devait retrouver une petite amie rencontrée en ligne. Sa famille avait perdu le contact.
Sept suspects, trois hommes et quatre femmes, dont la jeune femme rencontrée en ligne, âgés de 19 à 38 ans, ont été arrêtés depuis le 12 février et inculpés pour meurtre. La police et la justice ont dévoilé des détails de plus en plus choquants des sévices infligés à huis clos pendant des semaines à Sam Nordquist, dans une chambre de motel.
« Sam était confiné. Il a été contraint de se mettre à genoux et de se tenir contre un mur. Il a été battu, agressé sexuellement, on l’a empêché d’utiliser son téléphone. Il a été affamé et déshydraté », a décrit la procureure adjointe du comté de l’Ontario, Kelly Wolford, lors d’une conférence de presse mercredi révélant de nouveaux chefs d’inculpation.
Visiblement éprouvée, la procureure a poursuivi avec des éléments encore plus scabreux. « Il a été forcé à manger des excréments et a été forcé à boire de l’urine », a-t-elle détaillé, ajoutant qu’il avait été « traité comme un chien ». L’une des suspectes est inculpée pour avoir forcé deux enfants de sept et 12 ans à participer aux sévices.
« Permissivité croissante à l’égard des sentiments anti-trans »
Les souffrances infligées à Sam Nordquist ont révolté les associations de défense des droits des personnes transgenres, dans le viseur de Donald Trump depuis qu’il est revenu au pouvoir aux Etats-Unis. Depuis son investiture, le président républicain a décrété que les Etats-Unis ne reconnaissaient que deux genres. Il a pris des mesures pour exclure les personnes transgenres de l’armée américaine, interdire la prise en charge des traitements d’affirmation de genre pour les moins de dix-neuf ans, transférer les prisonnières transgenres dans des quartiers pour hommes et promis de suspendre toute aide fédérale à des associations qui font la promotion de l’« idéologie transgenre ».
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« Les circonstances qui ont conduit au meurtre de Sam Nordquist sont une horrible combinaison de facteurs : la permissivité croissante à l’égard des sentiments anti-trans, le manque de soutien aux personnes transgenres issues de la diversité qui cherchent à établir des relations et l’indifférence humaine pour les personnes LGBTQ », a déclaré le directrice du Projet anti-violence de New York, Audacia Ray.
« Dans un contexte politique où la dynamique de soutien et d’accès aux soins pour les personnes transgenres aux Etats-Unis est en train de nettement s’éroder, le nombre de victimes transgenres d’homicide reste important, avec plus de trente décès en 2024, dont environ 70 % étaient des personnes transgenres de couleur », a-t-elle ajouté.
A ce stade, la justice n’a pas reconnu le meurtre de Sam Nordquist comme motivé par la haine raciale ou de l’identité de genre et peu de détails ont émergé sur les mobiles des suspects. « Se limiter à un crime motivé par la haine, ce serait une injustice à l’égard de Sam. Il mérite que son histoire soit racontée dans son entièreté », a expliqué la procureure.