Michael Pollan est un essayiste américain né en 1955. Il dénonce sans relâche les dérives de l’industrie agroalimentaire à travers des livres et des documentaires. Il enseigne à l’université Harvard ainsi qu’à l’université de Californie à Berkeley. Michael Pollan était invité, au printemps 2025, par Kadist, une organisation à but non lucratif qui accueille chaque saison des penseurs et des artistes en résidence à Paris.
« Manger de la nourriture, en quantité raisonnable, surtout végétale » est un de vos mantras les plus fameux, qui vous a valu de toucher le grand public, au début des années 2000. Est-il toujours d’actualité ?
On me demande souvent si je ne devrais pas le faire évoluer, mais honnêtement, je ne vois pas de bonne raison de le faire. C’est du bon sens. La partie la plus controversée de cet adage, c’est le « surtout ». « De la nourriture surtout végétale ». Il offense les mangeurs de viande tout autant que les végétariens et les végans. Mais peu importe, ce qui compte, c’est de m’en tenir aux faits : il n’y a pas de mal à manger de la viande. C’est en manger trop qui est problématique.
Comment votre travail a-t-il évolué en près de vingt ans ?
Au début des années 2000, je sentais de l’enthousiasme autour des questions d’alimentation, un mouvement s’était formé. En 2001, le journaliste Eric Schlosser avait publié Fast Food Nation. The Dark Side of the All-American Meal (« le pays de la restauration rapide. le côté obscur d’un repas bien américain », Houghton Mifflin, non traduit). L’année suivante, la nutritionniste américaine Marion Nestle publiait Food Politics. How the Food Industry Influences Nutrition and Health [non traduit] (University of California Press), et puis moi, j’écrivais The Omnivore’s Dilemma (« le dilemme de l’omnivore », Bloomsbury Publishing, 2006, non traduit).
Il vous reste 83.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.