Joie ministérielle
Cette fois, c’était la dernière. Pour de vrai. Pour de bon. Après les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques, l’aventure Paris 2024 s’est achevée, le 14 septembre, par une cinquième bamboche sur les Champs-Elysées. A cette occasion, nos champions ont ainsi pu recevoir acclamations et Légion d’honneur, tandis que Michel Barnier, notre nouveau premier ministre, a pu, de son côté, recevoir un peu d’attention. Soit certainement ce qu’il était venu chercher.
Eminence grise
Pour l’occasion, Michel Barnier n’avait pas véritablement sorti ses habits de gala ou de fête. Non, c’est tout à fait sobrement qu’il s’est présenté sur le podium des Champs-Elysées, habillé d’un costume d’un gris moyen, deux boutons, coupe modeste, sans le moindre intérêt sinon celui de nous permettre de rappeler qu’il fut un temps où c’est par le terme « gris » que l’on désignait le costume de travail. Ainsi, par opposition au bleu de travail, un employé de bureau devait se présenter chacun matin à son poste vêtu de son « gris », en parfait « col blanc » respectueux de son cadre de travail.
Haute pression
Au côté de Michel Barnier, le pongiste Félix Lebrun saluait la foule, flattant une dernière fois son patriotisme olympique. A son cou pendaient deux médailles de bronze fièrement gagnées pendant les JO, tandis que reposait sur ses épaules une autre preuve tangible du génie français. Signée de l’équipementier Le Coq sportif, sa veste de survêtement blanche était pourvue des fameux boutons-pression inventés en 1886 par le dénommé Albert-Pierre Raymond. L’industriel dirigeait alors une ganterie près de Grenoble, et cherchait à offrir à ses clients un moyen rapide et simple de fermer leurs gants.
Toile de maître
Puisque nous sommes dans l’autocélébration et le cocorico facile, arrêtons-nous sur le plateau porté par le gendarme au second plan. Lesté d’une ribambelle de décorations, l’objet est recouvert de la fameuse toile « damier » de la maison Louis Vuitton. La toile en question fut inventée par Georges Vuitton, fils de Louis, en 1888. A l’époque, la vocation de cette toile distinctive n’était pas purement esthétique : elle avait surtout pour but de protéger la maison des nombreuses contrefaçons déjà présentes sur le marché.
Couvre-fête
Pour finir en beauté, saluons le képi de ce même gendarme. Inspiré de la casquette d’Afrique utilisée par les armées métropolitaine et coloniale françaises des années 1830-1860, le képi, plus petit et léger, fut introduit en 1852 dans le paquetage des soldats. Ainsi nommé en référence à la käppi, « casquette » en allemand, il demeura pendant plusieurs décennies une singularité et une fierté françaises, jusqu’à ce qu’il disparaisse de l’uniforme des gendarmes, en 1985. Aujourd’hui, le képi est donc réduit à un simple rôle décoratif lors de fêtes et cérémonies d’envergure. C’est mieux que rien.