- Faut-il autoriser la reconnaissance faciale pour lutter contre la délinquance et identifier les auteurs d’infractions ?
- Le ministre de l’Intérieur s’y est dit favorable ce mercredi matin, tout comme le ministre de la Justice.
- Mais la Cnil s’y oppose et le sujet fait débat.
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Le 13H
Pendant cinq ans, des caméras ont scruté les 144 écoles de Nice. C’est terminé, car c’est redevenu illégal. « C’est inadmissible de la part d’une autorité qui décide délibérément de mettre en risque et en danger la sécurité des enfants sécurisés dans notre ville, pour laquelle nous avions pris des dispositions de très haut niveau technologique »
, dénonce le maire Christian Estrosi (Horizons). Couplée à un algorithme d’intelligence artificielle, ces caméras pouvaient déclencher une alerte après avoir détecté une voiture stationnant trop longtemps devant une école.
Une surveillance intelligente, en temps réel, qui divise les Niçois que nous avons interrogés. « Je trouve que c’est bien qu’il y ait une caméra devant les écoles, parce que pour les enfants, pour les parents, c’est plus sécurisant »
, estime une habitante. « On perd un peu notre liberté. Ça devient trop intrusif si ça vous suit absolument partout »
, rétorque une autre. « Je pense que dans certains points clés, à certaines heures aussi, le soir particulièrement, c’est utile »
, nuance une troisième.
S’il y a un piratage d’une base de données, vous pouvez changer votre numéro de téléphone, mais vous ne pouvez pas changer votre visage
S’il y a un piratage d’une base de données, vous pouvez changer votre numéro de téléphone, mais vous ne pouvez pas changer votre visage
Thomas Dautieu, responsable conformité à la Cnil
C’est illégal depuis deux mois, date de fin de l’expérimentation menée pendant les Jeux Olympiques. Il était alors possible, avec l’intelligence artificielle, de détecter mouvements de foules, colis suspects, individus armés… Le garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur aimeraient rétablir ce système et même aller encore plus loin. Bruno Retailleau plaide ainsi pour des « réponses judiciaires et technologiques »
en complément de la « réponse sécuritaire »
, après les incidents qui sont survenus en marge du sacre du PSG en Ligue des champions : « Je pense qu’il faudrait, dans le cadre d’enquêtes judiciaires, nous permettre, pour mieux déceler les visages, pour mieux pointer les coupables, d’utiliser par exemple la reconnaissance faciale, de façon très encadrée »
, a-t-il déclaré ce mercredi au micro de RTL.
Mais avec quelles limites ? Va-t-on vers un modèle à la chinoise ? Imaginez votre visage scanné et tous vos déplacements suivis en temps réel. En France, cela ne pourrait se faire que dans un cadre très réglementé. « On ne peut pas faire un algorithme sur la couleur de peau, sur des émotions, sur des choses comme celles-là. Il faut qu’on prévienne les gens qu’on va faire d’identification à temps réel et qu’on fasse une exception uniquement pour des événements de grande portée avec des risques majeurs »
, précise Marc-Philippe Daubresse, sénateur (LR) du Nord, auteur du rapport sénatorial sur la reconnaissance faciale.
Et encore, la Commission de l’informatique et des libertés y est opposée. « La donnée biométrique de votre empreinte digitale ou pour la reconnaissance faciale de votre visage est une donnée qui vous est propre, que vous ne pouvez pas changer. Autant vous pouvez changer votre numéro de téléphone, votre numéro de carte bleue, si par exemple il y a un piratage d’une base de données, vous ne pouvez pas changer votre visage »
, explique Thomas Dautieu, responsable conformité à la Cnil, dans le reportage du JT de TF1 en tête de cet article.
Le ministère de la Justice a mis en place un groupe de travail sur le sujet.