Mikhaïl Khodorkovski reçoit dans ses bureaux londoniens, une adresse discrète dans un quartier cossu du centre de la capitale britannique. A 61 ans, l’ex-oligarque et patron du groupe pétrolier Ioukos, devenu un des principaux opposants russes à Poutine, est réfugié au Royaume-Uni depuis qu’il a été gracié par ce dernier, fin 2013, après dix ans de prison. Cheveux gris coupés ras, il a ce même visage fin que sur les photographies d’il y a vingt ans, quand, brutalement déchu, il faisait face aux juges dans son procès pour fraude, largement considéré comme politique.
Mardi 4 mars, quelques heures après que le président américain Donald Trump a annoncé la suspension de l’aide américaine à l’Ukraine, il partage auprès du Monde et de trois autres médias européens ses réflexions sur la crise de la relation transatlantique et les erreurs de lecture, de son point de vue, des Européens et des Ukrainiens sur les pratiques des présidents américain et russe, Donald Trump et Vladimir Poutine.
Pour celui qui fut l’homme le plus riche de Russie au début des années 2000 et, à l’époque, proche du Kremlin, « les Européens n’ont vraiment pas compris Poutine et Trump. Ce sont des leaders d’un genre particulier. Imaginez que le premier ministre britannique annonce qu’il veut acquérir le Groenland. On va le prendre pour un fou ou on va s’attendre à ce qu’il envoie l’armée britannique. Rien de tel avec Trump : ce qu’il dit, ce ne sont que des mots, souvent des subterfuges pour distraire les gens ».
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