C’est la surprise du chef. Michel Barnier a créé de toutes pièces, le 21 septembre, un portefeuille insolite, celui de la « coordination gouvernementale ». Et l’a confié à une fidèle parmi les fidèles, Marie-Claire Carrère-Gée, conseillère de Paris et sénatrice Les Républicains (LR). « A situation inédite, intitulé inédit », justifie l’intéressée, tout en jugeant qu’« une telle mission de coordination sous l’autorité du premier ministre s’imposerait pour tout gouvernement ». La ministre déléguée aura la lourde tâche, formule-t-on à Matignon, de « fluidifier, coordonner et rendre compte de l’action gouvernementale » au chef du gouvernement.
Devant les présidents des groupes du « socle commun », réunis mercredi 25 septembre à Matignon, Michel Barnier a vanté les mérites de cette innovation, censée permettre que le « ballon tourne » entre des ministres qui viennent d’horizons différents, quand ils n’ont pas été des adversaires politiques.
Si la fonction crée l’organe, elle reste toutefois à inventer. « Mon rôle va être d’aider le premier ministre à faire aboutir ses projets de manière rapide, fluide et efficace, pour répondre aux attentes des Français », résume Marie-Claire Carrère-Gée, sexagénaire au caractère affirmé, qui a posé ses cartons, peut-être provisoirement, rue Saint-Dominique, dans les anciens locaux du secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes. Alors que ses quarante collègues auront le nez sur leur feuille de route, cette haut fonctionnaire sera, dit-on Rue de Varenne, la « cheffe d’orchestre » du gouvernement, chargée d’« injecter du collectif » dans cet attelage bigarré de macronistes et de Républicains, entre lesquels les premières dissensions sont déjà apparues.
Un rôle « politique »
Rattachée, comme la ministre chargée des relations avec le Parlement, Nathalie Delattre, et la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, au seul premier ministre, Marie-Claire Carrère-Gée est, contrairement à ses deux collègues, une intime de Michel Barnier, dont elle a dirigé la campagne à la primaire de la droite en 2021.
Ancienne secrétaire générale adjointe de l’Elysée sous Jacques Chirac, aux côtés duquel elle a participé à la mise en place des politiques publiques en faveur du handicap et de la sécurité routière, elle se définit comme une « gaulliste sociale ». Son dévouement indéfectible à l’égard de l’ancien président lui a valu de se voir barrer la route aux élections législatives de 2007 en Seine-et-Marne par les amis de Nicolas Sarkozy. Aussi les élus de droite n’ont-ils pas été surpris de la voir nommée au gouvernement. « Barnier est un homme qui marche à la loyauté et à la fidélité », rappelle l’un d’entre eux.
Il vous reste 50.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.