L’horloge cinématographique a presque fait un tour complet depuis le dernier Festival de Cannes, et le premier long-métrage de Mo Harawe. Le Village aux portes du paradis, présenté en sélection officielle à Un certain regard en mai 2024, sort enfin en salle. A l’époque, nous avions réalisé une interview matinale sur la Croisette avec le réalisateur aux traits fins, né en 1992 à Mogadiscio, capitale de la Somalie. Cette fiction naturaliste, filmée dans un village côtier battu par le vent, nommé Paradis, nous invite à regarder vivre les personnages sans a priori, du moins autrement qu’à travers le prisme des informations occidentales chroniquant les affrontements contre l’organisation Etat islamique, le nombre de combattants djihadistes tués, etc.
« Le film s’ouvre avec un extrait de journal télévisé, réel, relatant une attaque de drones en Somalie. Un homme est enterré, on ne sait pas qui il est. Mais les gens se cotisent pour qu’il ait une cérémonie. Au-delà de cette information tragique, j’ai voulu emmener les spectateurs dans la vie quotidienne des gens, leur donner envie de suivre les histoires », explique Mo Harawe, citant parmi ses références cinéphiles le somptueux Touki-Bouki (1973) du Sénégalais Djibril Diop Mambety. Au départ, dit-il, « les habitants nous observaient avec méfiance. Ils nous prenaient pour des journalistes de la télé. Puis avec le temps les relations se sont détendues ».
Il vous reste 56.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.