« Toute l’Italie, toute l’Italie, toute l’Itaaaalie ! » Intitulé Tutta l’Italia, le nouveau jingle du Festival de la chanson italienne de Sanremo, dont la 75e édition s’est tenue du 11 au 15 février dans la station balnéaire ligure, laissait craindre le pire. Martelé à chaque coupure publicitaire, entre techno, flonflons et marche militaire, l’hymne du DJ Gabry Ponte devait symboliser une nouvelle ère pour le télé-crochet produit par la RAI, le géant de l’audiovisuel public italien. Lors des quatre éditions qu’il avait animées entre 2020 et 2024, Amedeo Sebastiani, alias Amadeus, était parvenu à faire de l’émission une messe aussi bien qu’un carnaval, où la dévotion le disputait à la subversion.
D’aucuns ont cru voir dans son départ une manœuvre du gouvernement d’extrême droite, mené par Giorgia Meloni, désireux de normaliser la manifestation. De fait, l’animateur qui l’a remplacé, Carlo Conti, a proposé un spectacle plus policé et moins politique. A l’image du nouveau logo, dont le noir et blanc rectiligne rompait avec les arlequinades des éditions précédentes, le Toscan a recentré le programme sur les prestations des 29 chanteurs en lice, présentant chacun un titre inédit. Le court message vidéo envoyé par le pape François, lors de la soirée d’ouverture, a confirmé que la balance penchait, cette fois, davantage du côté du sacré que du profane. Quant au palmarès, qui a vu cinq hommes occuper les cinq premières places, il serait le reflet d’un « désir atavique et inconscient » de ne pas voter pour les femmes, a déploré l’une des favorites, Giorgia, qui a fini sixième.
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