Un tribunal californien a jugé recevable la plainte pour diffamation déposée par la femme ayant inspiré l’un de ses récents succès.
La Britannique Fiona Harvey affirme être celle qui se cache derrière Martha, une femme manipulatrice dont le harcèlement est raconté dans « Mon petit renne ».
Netflix est prêt à aller au combat pour « défendre le droit de Richard Gadd à raconter son histoire ».
Des tapis rouges au tribunal. Sensation des derniers Emmy Awards avec six trophées , Mon petit renne est désormais un feuilleton judiciaire qui place Netflix sur le banc des accusés. Un juge californien a donné tort au géant du streaming qui demandait à ce que les poursuites pour diffamation contre lui soient abandonnées. La Britannique Fiona Harvey a déposé plainte en juin , s’estimant victime de dommages moraux provoquée par cette fiction inspirée du passé de son créateur.
Le comédien écossais Richard Gadd, qui tient le premier rôle, raconte comment il a été harcelé par une femme de vingt ans de plus que lui, prénommée Martha dans la série. L’humoriste en avait d’abord tiré un spectacle, qu’il présentait comme « basé sur une histoire vraie ». Et c’est tout ce qui rend la série potentiellement diffamatoire selon la justice. « Le tout premier épisode déclare sans équivoque que ‘ceci est une histoire vraie’, invitant ainsi le public à accepter les allégations (montrées à l’écran) comme des faits », estime le magistrat californien dans sa décision.
Il existe une différence majeure entre le harcèlement et le fait d’être condamné pour harcèlement par un tribunal
Il existe une différence majeure entre le harcèlement et le fait d’être condamné pour harcèlement par un tribunal
Le juge en charge de la plainte contre Netflix
Netflix avançait que les événements décrits étaient « substantiellement vrais » et que les téléspectateurs comprendraient d’eux-mêmes qu’il y avait une part de fiction, puisqu’il s’agit d’une série. Fiona Harvey dit avoir reçu des menaces de mort depuis le lancement de la série phénomène au printemps. Elle précise aussi qu’elle n’a jamais agressé sexuellement Richard Gadd et qu’elle ne lui a pas fracassé une bouteille en verre sur la tête avant d’essayer de lui crever les yeux, contrairement à ce qui se joue à l’écran. Elle souligne également qu’elle n’a jamais été condamnée pour avoir harcelé un policier alors que Martha est, elle, une reprise de justice avec cinq ans de prison à son actif.
Netflix a rappelé qu’elle avait tout de même fait l’objet d’une enquête pour harcèlement, qu’elle avait touché les fesses du comédien et l’avait bousculé. « Il existe une différence majeure entre le harcèlement et le fait d’être condamné pour harcèlement par un tribunal, a estimé le juge. De même, il y a de grandes différences entre des attouchements inappropriés et une agression sexuelle, ainsi qu’entre bousculer quelqu’un et crever les yeux d’une personne. » Les événements décrits « peuvent atteindre le niveau » de la calomnie et la plainte est donc valide, selon le magistrat pour qui la présentation adoptée par Netflix « suggère un mépris » des faits.
La plateforme de streaming « n’a fait aucun effort pour vérifier l’exactitude de ces déclarations et de ces représentations, ou pour prendre d’autres mesures afin de cacher l’identité » de Fiona Harvey, indique encore le tribunal. Auprès de l’AFP, Netflix assure être bien décidé à « se défendre vigoureusement dans cette affaire » et à « défendre le droit de Richard Gadd à raconter son histoire ». Peu importe le temps que durera ce bras de fer judiciaire.