Françoise Choay a vécu un siècle de « bruits et de fureurs » en prenant position dans le domaine, peu ouvert aux femmes, de l’architecture, de l’urbanisme et du patrimoine. Née le 29 mars 1925, la journaliste, critique d’architecture et d’art (dans L’Œil, La Revue d’esthétique, Preuves, Critique, Urbanisme…), professeure, théoricienne, traductrice et éditrice, est morte le 8 janvier à Paris.
Ses apports sont considérables dans bien des domaines et encore trop méconnus. C’est à elle que l’on doit, notamment, la formule de « cages à lapins », employée la première fois dans France Observateur en juin 1959, pour désigner les grands ensembles. Elle aura développé en outre un certain nombre de notions structurantes, parmi lesquelles « le règne de l’urbain », la dénonciation de « l’urbanisme de branchement », le refus de la « muséification du patrimoine », la critique de la « révolution électro-télématique ». Elle était adulée par ses élèves, respectée par ses pairs et crainte par beaucoup, comme toute personne exigeante.
Françoise Choay a excellé, comme en témoignent ses ouvrages : La Règle et le modèle. Sur la théorie de l’architecture et de l’urbanisme (1980), L’Allégorie du patrimoine (1992), La Terre qui meurt (2011). Née dans une famille aisée et cultivée, protestante et juive républicaine, elle a deux tantes illustres, la journaliste et féministe Louise Weiss (1893-1983) ainsi que la pédiatre et psychanalyste Jenny Aubry (1903-1987). Durant la guerre, Françoise rejoint sa mère dans le maquis qu’elle anime, tandis que son père, avocat, s’active à Paris contre le régime de Vichy et devient, à la Libération, préfet de l’Hérault.
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