Le corps du pape François est exposé depuis mercredi et jusqu’à vendredi soir à la basilique Saint-Pierre, au Vatican.
Pour assurer sa conservation, il a bénéficié de soins de thanatopraxie.
Nicolas Delestre, spécialiste de cette pratique, détaille ce processus pour TF1info.
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Mort du pape François
Le temps du recueillement est arrivé. Depuis mercredi 23 avril, le corps du pape François est exposé aux fidèles à la basilique Saint-Pierre, au Vatican, où il restera trois jours, avant les obsèques qui auront lieu ce samedi, en présence de personnalités publiques du monde entier.
Pour être présenté aux fidèles jusqu’à cette date, le corps du souverain pontife a été soumis à des soins de thanatopraxie afin d’assurer au maximum sa conservation. Nicolas Delestre, président du centre de formation Afitt (Assistance et formations internationales thanatopraxie thanatoplastie), revient pour TF1info sur cette pratique.
Un protocole encadré par la loi
La thanatopraxie désigne l’ensemble des pratiques et des techniques qui visent à ralentir la putréfaction. « L’objectif est de permettre à la famille de se recueillir dans les meilleures conditions », explique Nicolas Delestre, également spécialiste en préservation de la dépouille humaine. « Au niveau visuel, hygiénique et sécuritaire, tout doit être sain. » Pour retarder la putréfaction de quelques jours, les thanatopracteurs suivent un protocole spécifique. « Nous utilisons des produits au formaldéhyde qui vont fixer les cellules humaines et permettre de ralentir cette putréfaction », détaille le spécialiste. Ces soins ne s’assimilent pas à de la taxidermie ou à de la momification.
Nous utilisons des produits au formaldéhyde qui vont fixer les cellules humaines et permettre de ralentir la putréfaction
Nous utilisons des produits au formaldéhyde qui vont fixer les cellules humaines et permettre de ralentir la putréfaction
Nicolas Delestre, spécialiste en préservation de la dépouille humaine
Toutefois, le retardement n’est pas infini et ne dure que quelques jours. Concernant la conservation du corps du pape, Andrea Fantozzi, fondateur de l’Institut national italien de thanatopraxie, a expliqué à l’AFP que la procédure devait être effectuée dans les trente-six heures suivant le décès et que son effet perdurait jusqu’à dix jours. Les corps des papes Jean-Paul II et Benoît XVI avaient subi le même type d’embaumement provisoire.
Si cette préparation de la dépouille est habituelle en France, « la thanatopraxie est très peu pratiquée en Italie, c’est assez rare », note Nicolas Delestre. Les soins accordés commencent par « l’injection de liquides conservateurs dans le système circulatoire, suivie de soins esthétiques du visage et des mains ». Deux parties du corps à laquelle « une attention toute particulière » est apportée. Le but est de montrer aux personnes endeuillées une apparence « apaisée » du défunt.
Les soins diffèrent selon le corps, les causes du décès et les conditions climatiques
Les soins sont réalisés en une fois, mais diffèrent d’une personne à une autre. « Ils vont dépendre de la personne, des causes du décès, du temps et des conditions pendant lesquelles il sera exposé », poursuit l’expert. Par exemple, l’accident vasculaire cérébrale qui a causé la mort du chef de l’Église catholique impacte la manière dont son corps va réagir dans les jours suivant son décès. « Les troubles emboliques amènent des taches au niveau de la peau, à cause de la stagnation du sang », explique notre interlocuteur.
Dans le cas du pape, plusieurs facteurs ont pu influer sur l’administration des soins. « Cela peut être compliqué au vu de la quantité de personnes qui vont venir le voir, de l’humidité importante à Rome et d’une chaleur qui commence à naître », détaille Nicolas Delestre. À Rome, la température peut dépasser actuellement les 20 degrés. Toutefois, selon lui, un thanatopracteur formé et compétent peut tout à fait réussir des soins qui permettraient au corps de ne pas subir les changements de température pendant trois jours.
Nicolas Delestre confie avoir été « choqué » en voyant les images du pape exposé au milieu de la basilique Saint-Pierre. À la vue notamment de son teint « grisé », le spécialiste n’exclut pas que les soins aient été mal réalisés, évoquant l’hypothèse d’un mauvais dosage du soin de conservation.