« Cette question demeure l’un des plus grands défis de l’Eglise en notre temps », écrivait le pape François, mort le 21 avril, à l’âge de 88 ans, dans un texte rendu public le 15 juin 2023. Il venait alors de s’adresser, dans une lettre, au président bolivien, Luis Arce, pour lui exprimer « [sa] douleur, [sa] honte et [sa] consternation », après des révélations, par la presse locale, de dizaines d’agressions sexuelles commises par un prêtre dans le pays. Malgré le caractère inédit de la démarche – un pape qui écrit à un chef d’Etat sur un scandale sexuel –, l’affaire n’avait suscité qu’un émoi limité. En France, par exemple, presque aucun média ne s’en était fait l’écho. Il faut dire qu’il y avait alors comme un (triste) air de déjà-vu, de trop vu.
Libération de la parole
Etats-Unis, Australie, Allemagne, France, Irlande, Portugal, Belgique, Chili, Argentine, Mexique, Colombie… En un peu plus de dix ans de pontificat, François a vu les scandales éclater presque partout dans le monde catholique. Des centaines de milliers d’affaires de pédocriminalité, de violences sexuelles sur des femmes ou des hommes, d’emprise ou de manipulation, souvent qualifiées, dans le vocabulaire pontifical, par le mot valise d’« abus », commis par des clercs ou des religieux. L’immense majorité des faits ne remontent pas au pontificat de François, ni même au XXIe siècle. Mais c’est bien sous son pontificat qu’ils sont apparus de manière aussi flagrante.
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