Les grands-parents d’Emile Soleil, Philippe Vedovini et son épouse, Anne, ainsi que deux de leurs enfants majeurs sont placés en garde à vue depuis mardi 25 mars pour homicide volontaire et recel de cadavre par la section de recherches de la gendarmerie de Marseille dans l’enquête sur la disparition du garçonnet en juillet 2023, en vacances dans la maison de campagne familiale.
Une perquisition a lieu en parallèle à leur domicile principal, un mas provençal à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), dessinant la piste familiale, alors que l’enquête n’avait enregistré aucune annonce significative depuis la découverte, il y a tout juste un an, d’ossements du petit garçon.
Quels sont les éléments qui ont conduit à ces nouvelles gardes à vue ?
Les quatre interpellations ont eu lieu peu avant 7 heures, mardi à La Bouilladisse, commune de 6 000 habitants entre Aix-en-Provence et Aubagne, où le couple Vedovini réside avec plusieurs de ses enfants. Une perquisition s’est déroulée dans la matinée à leur domicile, un cossu mas provençal. Des enquêteurs ont saisi pour expertise un véhicule SUV et une remorque à cheval.
Le 13 mars, la présence des enquêteurs dans le hameau du Haut-Vernet avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient saisi devant l’église paroissiale une grande jardinière, dans laquelle des traces de sang ont été retrouvées, a précisé une source proche du dossier, cité par l’Agence France-Presse.
« Ces placements en garde à vue s’inscrivent dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois », a expliqué le procureur de la République d’Aix-en-Provence. Selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont également procédé mardi à « une dizaine d’auditions de témoins ».
Quand Emile a-t-il disparu ?
Le 8 juillet 2023, à 17 h 15, Emile, alors âgé de 2 ans et demi, est aperçu pour la dernière fois par deux voisins au Haut-Vernet, hameau de 25 habitants à 1 200 mètres d’altitude, sur les flancs du massif des Trois-Evêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il venait d’arriver pour les vacances d’été dans la résidence secondaire de ses grands-parents maternels.
Ses parents, des catholiques traditionalistes, habitent La Bouilladisse, et ne sont pas au hameau au moment de la disparition. La gendarmerie est alertée vers 18 heures et une enquête avec appel à témoins débute le lendemain. Des centaines de personnes se joignent à des battues les deux premiers jours. Enquêteurs et militaires poursuivent en vain l’inspection de 97 hectares de champs, bois et terrains escarpés. La trentaine de maisons du hameau, rattaché à la commune du Vernet, sont fouillées, les habitants sont interrogés.
Quels sont les premiers éléments de l’enquête ?
Le 18 juillet, le parquet de Digne ouvre une information judiciaire justifiée par « la complexité de l’affaire » et les investigations basculent au tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), où deux juges d’instruction sont saisis. Commence un minutieux travail d’analyse de données, soit 1 200 appels passés à la ligne téléphonique réservée à l’enquête et une masse considérable d’informations concernant la téléphonie de toutes les personnes ayant « borné » vers le Haut-Vernet le jour de la disparition.
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Le 25 juillet, des équipes cynophiles spécialisées dans la détection de restes humains, appuyées par des drones, sont déployées. L’enquête judiciaire est élargie aux faits criminels « d’enlèvement » et « séquestration », apprend-on le 21 août de source judiciaire. Cette décision, « purement technique », « n’est pas liée à une évolution dans l’enquête » sur la disparition toujours inexpliquée du garçonnet, mais « ce cadre procédural offre plus de souplesse », souligne alors le procureur adjoint.
Le 8 janvier 2024, le parquet explique que l’enquête « est toujours très active » et a pris « une autre forme, plus technique ». Les enquêteurs doivent « analyser l’ensemble des éléments recueillis », notamment une masse de données numériques et de téléphonie. Le 28 mars, la famille d’Emile, des voisins et d’autres témoins visuels – dix-sept personnes au total – sont réunis par la justice au Haut-Vernet pour une reconstitution.
Le 30 mars 2024, une promeneuse découvre un crâne et des dents à environ 1,7 kilomètre du hameau où l’enfant a disparu. Dans la foulée, des enquêteurs trouvent des vêtements et un petit bout d’os dans la même zone. « Les analyses d’identification génétique ont permis de conclure qu’il s’agissait des ossements de l’enfant Emile Soleil », affirme le procureur d’Aix-en-Provence, sans donner d’éléments sur la cause de la mort de l’enfant.
La famille d’Emile s’est-elle exprimée publiquement ?
Les parents se sont exprimés deux fois depuis la disparition de leur fils. Dans leur première prise de parole, ils déclarent à la fin du mois d’août, dans l’hebdomadaire Famille chrétienne, n’avoir « rien à cacher » et déplorent des « témoignages malveillants dans la presse ». « On imagine forcément le pire, mais on ne peut s’empêcher d’espérer », dit le père.
Dans le même hebdomadaire, à la veille du troisième anniversaire d’Emile, le 24 novembre, ses parents diffusent un appel vibrant : « Comprenez notre détresse, dites-nous où est Emile », implore la mère.
Près d’un an après la découverte du corps du garçonnet, ses obsèques ont été célébrées le 8 février 2025 à la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), en présence de toute la famille. Quelques heures seulement après la cérémonie, les grands-parents d’Émile avaient publié un communiqué, clamant que « le temps du silence doit laisser place à la vérité ». « Nous avons besoin de comprendre, besoin de savoir », écrivaient-ils.