Quatre personnes, dont les grands-parents du petit Emile, disparu en juillet 2023 dans les Alpes-de-Haute-Provence, ont été placées en garde à vue, mardi 25 mars, pour « homicide volontaire » et « recel de cadavre », a annoncé le procureur de la République d’Aix-en-Provence dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).
Les deux autres personnes sont « deux des enfants majeurs » des grands-parents, précise le communiqué du procureur, selon lequel « ces placements en garde à vue s’inscrivent dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois ».
« Les enquêteurs procèdent, par ailleurs, à des opérations criminalistiques en divers lieux du territoire », ajoute le procureur, qui précise qu’« une nouvelle communication interviendra à l’issue des actes en cours ». L’avocate des grands-parents, Isabelle Colombani, a confirmé à l’AFP leur placement en garde à vue. « Je n’ai aucun commentaire à faire, je viens de l’apprendre », a-t-elle déclaré.
Une perquisition était en cours dans la matinée au domicile des grands-parents d’Emile, un cossu mas provençal situé à La Bouilladisse, commune de 6 000 habitants entre Aix-en-Provence et Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône, a constaté un journaliste d’AFP-TV. En fin de matinée, des enquêteurs sont repartis avec un véhicule SUV, apparemment le véhicule des grands-parents, et une remorque à cheval.
« Opérations criminalistiques » en cours
Emile, âgé de 2 ans et demi, a disparu le 8 juillet 2023 alors qu’il venait d’arriver pour les vacances d’été chez ses grands-parents maternels, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de « ratissages judiciaires », aucune trace de l’enfant n’avait été retrouvée. Pendant neuf mois, l’enquête n’avait rien donné de concret, jusqu’à la découverte, à la fin de mars 2024, par une promeneuse du crâne et de dents de l’enfant, à environ 1,7 kilomètre du hameau, à vingt-cinq minutes de marche pour un adulte.
Les juges d’instruction, qui pilotent l’enquête à Aix-en-Provence, avaient déployé dans la foulée des dizaines de gendarmes, parmi lesquels des spécialistes de « l’ingénierie scène de crime », des anthropologues et deux équipes cynophiles de recherche de restes humains. Ils ont pu retrouver des vêtements et un petit bout d’os, dans la même zone. Pour autant, ces découvertes n’ont, à ce jour, pas permis de déterminer les causes de la mort de l’enfant.
Le 13 mars, la présence des enquêteurs dans le hameau du Haut-Vernet avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient alors, selon plusieurs médias, saisi une grande jardinière disposée à l’entrée de la chapelle du hameau. Le parquet s’était alors refusé à toute confirmation.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
« Ces placements en garde à vue s’inscrivent dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois », a déclaré mardi matin le procureur de la République d’Aix-en-Provence. « Les enquêteurs procèdent, par ailleurs, à des opérations criminalistiques en divers lieux du territoire », a-t-il ajouté, précisant qu’« une nouvelle communication interviendra à l’issue des actes en cours ».
La cause de la mort d’Emile reste indéterminée
Le grand-père d’Emile, Philippe Vedovini, est ostéopathe à La Bouilladisse, berceau de cette famille catholique très fervente. Avec sa femme, ils ont eu dix enfants, tous scolarisés à la maison, dont la mère d’Emile, Marie, qui est l’aînée. Philippe Vedovini avait été placé il y a plusieurs années sous le statut de témoin assisté dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de violences et d’agressions sexuelles au début des années 1990 dans la communauté religieuse de la Sainte-Croix de Riaumont, à Liévin (Pas-de-Calais), où il était chef scout.
En mars 2024, son avocate, Isabelle Colombani, avait déclaré à l’AFP : « A priori, sur cette affaire, on serait vers la fin de l’instruction et il n’y a eu aucune réquisition du procureur vers une éventuelle mise en examen de mon client. Donc si l’instruction se clôt et qu’il est sous le statut de témoin assisté, la seule réponse qui sera donnée est le non-lieu le concernant. »
Et s’agissant des insinuations, déjà vives, sur son éventuelle responsabilité dans la disparition de son petit-fils, son avocate expliquait il y a un an que son client espérait que « les enquêteurs ne perdr[aie]nt pas trop de temps sur [lui] au détriment d’autres pistes ».
Dix-neuf mois après la disparition d’Emile, des obsèques publiques avaient été célébrées le 8 février dans la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), selon le rite de saint Pie V (en latin), en présence de toute la famille et de plusieurs centaines de personnes. Quelques heures seulement après la cérémonie, les grands-parents d’Emile avaient publié un communiqué clamant que « le temps du silence doit laisser place à la vérité ».
« Dix-neuf mois se sont écoulés, dix-neuf mois sans certitude. Nous avons besoin de comprendre, besoin de savoir », écrivaient-ils. « Les moyens de justice ont été déployés, les expertises menées, et pourtant nous ignorons toujours ce qui est arrivé à Emile depuis sa disparition, le 8 juillet 2023. »