Quatre personnes ont été placées en garde à vue ce mardi matin dans l’enquête sur la disparition d’Émile Soleil, disparu en juillet 2023 au Haut-Vernet.
Il s’agit des deux grands-parents maternels du garçonnet et de deux oncles ou tantes.
Retour sur les grandes étapes de l’enquête depuis le jour de la disparition mystérieuse dans les Alpes-de-Haute-Provence.
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Mort du petit Émile : rebondissement dans l’affaire, ses grands-parents en garde à vue
Les derniers mystères entourant la mort du petit Émile sont-ils sur le point d’être percés ? L’affaire, qui avait ému la France entière il y a près de deux ans, a connu ce mardi 25 mars au matin un spectaculaire rebondissement avec le placement en garde à vue de ses deux grands-parents maternels et de deux oncles ou tantes du garçonnet.
Voici une chronologie de l’enquête depuis le 8 juillet 2023, jour de la disparition mystérieuse du petit Émile Soleil dans les Alpes-de-Haute-Provence, jusqu’aux quatre gardes à vue de ce mardi.
8 juillet 2023 : disparition d’Émile et premières recherches
Le 8 juillet 2023, à 17h15, Émile, alors âgé de 2 ans et demi, est aperçu pour la dernière fois par deux voisins au Haut-Vernet, hameau de 25 habitants à 1.200 mètres d’altitude, sur les flancs du massif des Trois Évêchés. Il venait d’arriver pour les vacances d’été dans la résidence secondaire de ses grands-parents maternels.
Ses parents, des catholiques traditionalistes, habitent La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône) et ne sont pas au hameau au moment de la disparition. La gendarmerie est alertée vers 18h et une enquête pour recherche des causes de disparition inquiétante avec appel à témoins débute le lendemain, le 9 juillet. Une photo du petit garçon aux cheveux blonds, un pissenlit sur l’oreille, est largement diffusée. Les premiers jours, des centaines d’anonymes venus parfois de loin se joignent à des battues. Enquêteurs et militaires poursuivent en vain l’inspection de 97 hectares de champs, bois et terrains escarpés tandis qu’un chien Saint-Hubert avec une équipe cynophile et des hélicoptères sont également dépêchés sur place. La trentaine de maisons du hameau, rattaché à la commune du Vernet, sont fouillées, les habitants interrogés et leurs véhicules visités.
Trois jours après la disparition, le 11 juillet, le procureur explique que « la zone a été bouclée et interdite d’accès à toute personne étrangère au hameau », et le 12 juillet, le parquet de Digne-les-Bains fait basculer l’enquête sous le régime de l’enquête préliminaire, une seconde phase de l’enquête, qui vise à analyser « la masse considérable des informations et éléments collectés ».
18 juillet 2023 : ouverture d’une information judiciaire
Le 18 juillet, le parquet de Digne ouvre une information judiciaire justifiée par « la complexité de l’affaire », et les investigations basculent au tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), où deux juges d’instruction sont saisis du dossier, toujours pour recherche des causes de disparition inquiétante. Débute alors un minutieux travail d’analyse de données, soit 1.200 appels passés à la ligne téléphonique dédiée et une masse considérable d’informations concernant la téléphonie de toutes les personnes ayant « borné » vers le Haut-Vernet le jour de la disparition.
Le 25 juillet, des équipes cynophiles spécialisées dans la détection de restes humains, appuyées par des drones, sont déployées.
21 août 2023 : l’enquête élargie à des motifs criminels
Treize jours après la disparition d’Émile, le 21 août, l’enquête judiciaire est élargie aux faits criminels « d’enlèvement » et « séquestration », apprend-on alors de source judiciaire. Cette décision, « purement technique », « n’est pas liée à une évolution dans l’enquête » sur la disparition toujours inexpliquée du garçonnet, mais « ce cadre procédural offre plus de souplesse » aux enquêteurs, souligne le procureur adjoint.
Quelques jours plus tard, les parents du petit garçon, jusqu’alors discrets, décident de sortir du silence en accordant une interview à l’hebdomadaire Famille chrétienne. Se montrant reconnaissant de l’élan de solidarité qui a suivi la disparition de leur fils, le couple insiste sur sa « confiance face au travail des gendarmes chargés de l’enquête ». Déplorant des « témoignages malveillants dans la presse », les parents assurent n’avoir « rien à cacher » et écartent la thèse d’un « sordide drame familial » survenu au domicile des grands-parents. « On imagine forcément le pire, mais on ne peut s’empêcher d’espérer… », dit le père. Dans le même hebdomadaire, à la veille du troisième anniversaire d’Émile, le 24 novembre, ses parents diffusent un appel vibrant : « Comprenez notre détresse, dites-nous où est Émile », implore la mère.
20 mars 2024 : découvertes d’ossements de l’enfant
Le 21 mars 2024, le parquet d’Aix-en-Provence annonce que des « ossements » correspondant au corps du garçonnet ont été retrouvés la veille par une promeneuse, à environ 1,7 km du hameau où ce dernier avait disparu. Dans la foulée, des enquêteurs trouvent des vêtements et un petit bout d’os dans la même zone. Les analyses d’identification génétique ont permis « de conclure qu’il s’agissait des ossements de l’enfant Émile Soleil », affirme le procureur d’Aix-en-Provence, sans donner d’éléments sur la cause du décès. Une semaine plus tard, le 28 mars, la famille de la victime, des voisins et d’autres témoins visuels, soit 17 personnes, sont réunis par la justice au Haut-Vernet pour une mise en situation, visant à reconstituer le moment où l’enfant a été aperçu pour la dernière fois.
Les autorités pratiquent ensuite de nombreux prélèvements et analyses sur la dépouille, dans le but de découvrir les causes exactes de la mort. Le corps restitué plusieurs mois plus tard à sa famille, cette dernière peut finalement lui offrir une sépulture. Les obsèques sont célébrées le 8 février 2025 à la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), en présence de toute la famille. « Le temps du silence doit laisser place à la vérité », clament les grands-parents quelques heures après la cérémonie.
25 mars 2025 : premières gardes à vue
Le 25 mars, quatre membres de la famille du garçonnet sont placés en garde à vue. « Ce matin, 25 mars 2025, Philippe Vedovini et son épouse, grands-parents d’Émile Soleil, ainsi que deux de leurs enfants majeurs, ont été placés en garde à vue des chefs d’homicide volontaire et recel de cadavre par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille », a déclaré le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, dans un communiqué transmis à l’AFP. L’avocate des grands-parents, Me Isabelle Colombani, a confirmé à l’AFP leur placement en garde à vue, tout en indiquant n’avoir « aucun commentaire à faire ». L’identité des deux autres personnes interpellées, oncle ou tante de l’enfant, n’était pas immédiatement connue. Une perquisition était en cours dans la matinée au domicile principal des grands-parents d’Émile, un cossu mas provençal situé à La Bouilladisse, commune de 6.000 habitants entre Aix-en-Provence et Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône.
Le 13 mars, la présence des enquêteurs dans le hameau du Haut-Vernet avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient alors, selon plusieurs médias, saisi une jardinière disposée à l’entrée d’une chapelle du hameau. Le parquet s’était alors refusé à toute confirmation.