Raphaël Graven, connu en ligne sous le nom de Jean Pormanove, est mort lundi 18 août au cours d’un direct sur la plateforme Kick, qui durait depuis plus de deux cent quatre-vingt-dix-huit heures. Depuis des mois, dans ses live streams, cet ancien militaire de 46 ans subissait moqueries, humiliations et sévices physiques (coups, décharges électriques, jets de liquides) de la part de deux autres hommes, connus sous les pseudos de Safine (Safine Hamadi) et Narutovie (Owen Cenazandotti). Avec eux, Coudoux, un homme handicapé sous curatelle, qui servait également de souffre-douleur aux streameurs.
Sous couvert d’humour et de « défis », ces vidéos rassemblaient un public particulièrement virulent, prêt à payer pour assister à d’autres violences. Une enquête a été ouverte, a annoncé mardi le parquet de Nice, pour, dans un premier temps, déterminer les causes de la mort du streameur – l’autopsie devait avoir lieu jeudi 21 août. L’état de santé de Jean Pormanove était fragile, d’après les dires de Narutovie et Safine lors de précédentes émissions.
Ces vidéos étaient-elles illégales et, en les hébergeant, Kick a-t-elle violé la loi ? Dans ce dossier, une première enquête pénale visant les streameurs Narutovie et Safine avait déjà été ouverte, en décembre 2024, après la publication d’un article de Mediapart. Entendu par la police, Jean Pormanove n’avait cependant pas souhaité porter plainte et avait évoqué des mises en scène consenties – mais la question de son état psychologique à l’époque, et d’une éventuelle altération de son discernement, est aussi posée.
Les trois chefs de poursuite de cette première enquête étaient les « violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours », « provocation publique par un moyen de communication électronique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur handicap » et « diffusion d’enregistrements d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne ».
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