Le duel fratricide entre Michel Barnier et Rachida Dati dans le cadre de l’élection législative partielle prévue les 21 et 28 septembre à Paris n’aura finalement pas lieu : leur parti, Les Républicains (LR), a officiellement désigné, jeudi 28 août, la ministre de la culture comme candidate à la mairie en 2026 en échange de son renoncement à se présenter en dissidence contre l’ancien premier ministre pour la législative.
La commission nationale d’investiture s’est réunie dans la soirée pour entériner l’accord, après avoir validé il y a un mois la candidature de l’ex-premier ministre à la députation, malgré l’annonce par la maire du 7e arrondissement de se lancer également dans la course. « Rachida Dati a été investie à l’unanimité par Les Républicains pour les élections municipales à Paris de 2026 », a sobrement fait savoir le parti dans un communiqué, publiant également l’intégralité de l’intervention de la ministre devant la commission d’investiture.
Faisant valoir son « engagement de tous les instants » depuis 2008 en tant que maire d’arrondissement et cheffe de l’opposition à Paris, Rachida Dati a notamment souligné être, ces dernières années, « montée au front pour défendre des idées, pour porter des réformes » et être aujourd’hui « prête » pour ce « combat politique majeur [qui] s’ouvre devant nous à Paris ».
« Mon projet pour redresser la capitale, j’y travaille depuis près de six ans. Il est crédible, il est chiffré, il est nourri de l’expertise de très nombreux acteurs de terrain et de la société civile qui m’ont rejoint », a-t-elle assuré, ajoutant : « La politique du laisser-faire et des arrangements avec la majorité Hidalgo, (…) c’est terminé ! »
Dans un texte publié le 24 août par La Tribune dimanche, Rachida Dati avait réitéré son intention de maintenir sa candidature : « L’élection législative qui aura lieu dans ma circonscription des 5ᵉ, 6ᵉ et 7ᵉ arrondissements sera la première étape du rassemblement et de la dynamique de victoire à Paris », affirmait la ministre.
La maire (LR) du 7e arrondissement n’avait pas apprécié l’annonce surprise de la candidature de Michel Barnier, qu’elle avait qualifiée d’« instrumentalisée », dans cette circonscription où l’élection du député macroniste Jean Laussucq a été invalidée par le Conseil constitutionnel pour irrégularités dans ses comptes de campagne.
Agenda judiciaire
Exclue des Républicains après avoir été recrutée en janvier 2024 par la Macronie pour entrer dans le gouvernement de Gabriel Attal, Rachida Dati a repris sa carte chez LR au printemps, à l’occasion du vote pour la présidence du parti. Elle avait alors soutenu Laurent Wauquiez, finalement largement défait face à Bruno Retailleau.
Malgré l’opposition de plusieurs poids lourds LR de la capitale, les réticences de Bruno Retailleau et un parcours parlementaire douloureux, la ministre avait par la suite pu se réjouir de l’adoption de la réforme du mode de scrutin dans les villes de Paris, Lyon et Marseille, censé lui être plus favorable pour accéder à l’Hôtel de Ville.
A ce calendrier électoral, Rachida Dati, 59 ans, doit encore faire correspondre son agenda judiciaire : elle a été renvoyée en procès pour corruption et trafic d’influence, soupçonnée d’avoir perçu 900 000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil avec une filiale de l’Alliance Renault-Nissan mais sans avoir réellement travaillé, alors qu’elle était avocate et députée européenne. Elle a fait appel de la décision. La date du procès devrait être fixée lors d’une première audience prévue le 29 septembre.