Haruki Murakami est une pluie tiède au crépuscule dans un endroit qui n’existe plus vraiment. Laisser tomber cette pluie sur soi ressemble à un remède. J’ai ressenti cette surprenante quiétude, cette étrange volupté, dès la première page que j’ai lue de lui. C’était en janvier 1994. Je n’allais pas très bien. Et je ne pouvais plus lire. Incapacité qui m’empêchait d’aller mieux – la lecture étant le recours idéal pour les gens mélancoliques, fiévreux et facilement effarouchés, je ne vous l’apprends pas.
Je me traînais tristement quand, dans un couloir (je travaillais aux éditions du Seuil à l’époque), je suis tombée sur La Course au mouton sauvage (1982 ; Seuil, 1990). Je l’ai ouvert (à cause du titre peut-être, qui ressemblait à une bizarre promesse), et c’était tout simplement chez moi. Il y avait là un jeune type à la recherche d’un mouton étoilé, une petite amie aux oreilles bouleversantes, un chauffeur connaissant 32 décimales de pi ainsi que le numéro de téléphone de Dieu…
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