M6 – MERCREDI 25 DÉCEMBRE À 21 H 10 – FILM
On reconnaîtra en Nanny McPhee bien des traits de la plus célèbre de ses collègues, Mary Poppins. Elle arrive au moment où la dernière des nurses engagées par Mr Brown pour s’occuper de ses sept enfants vient de démissionner. Elle emploie des moyens de locomotion peu orthodoxes (elle préfère la téléportation au parapluie) et des techniques de rangement et de maintien de l’ordre qui l’auraient fait brûler au temps de l’Inquisition.
Mais Nanny McPhee, le film, n’est pas un pastiche de la comédie musicale produite par Walt Disney en 1964. L’interprète du rôle-titre, Emma Thompson, en a écrit le scénario, tiré d’une série de livres de Christianna Brand. Elle s’est réservé le rôle-titre et a pris soin d’éviter tout ce qui faisait le charme un peu écœurant de Julie Andrews dans Mary Poppins. Nanny McPhee est laide : elle a un gros nez, une dent proéminente et des verrues ; elle est sans âge et toujours de noir vêtue ; elle ne sourit jamais.
Il faut bien ça pour ramener la paix au foyer de Mr Brown (Colin Firth), confronté à l’appétit de destruction de sa progéniture, traumatisée par la mort de sa maman. L’utilisation que Nanny McPhee fait de la magie n’a rien de séduisant, c’est une arme de terreur, qui réduira la plus ardente des rébellions.
Cruauté ludique
Justement, lorsqu’elle arrive chez les Brown, la nurse découvre les sept enfants employés à torturer la cuisinière (Imelda Staunton) et à ravager la cuisine (auparavant, on les aura vus faire de leur plus jeune sœur, un bébé, un emploi tout à fait original, qui implique des choux et du jus de poulet). Le châtiment qu’élabore la femme en noir est à la mesure de cette violence.
C’est dans cette cruauté ludique (et jamais poussée bien loin) que Nanny McPhee se distingue du tout-venant de la production pour enfants. Le scénario fait également intervenir une tante riche, myope et méchante (Angela Lansbury), deux croque-morts fort gais (Derek Jacobi et Patrick Barlow), une servante au grand cœur (Kelly Macdonald) et une croqueuse d’hommes (Celia Imrie).
A chaque fois que les enfants se rendent à ses arguments, Nanny McPhee perd l’un de ses défauts physiques. On aurait aimé que cette jolie trouvaille s’applique à la mise en scène. Celle-ci donne d’abord l’impression d’un joyeux collage d’emprunts aux films d’horreur britanniques, au théâtre victorien, à la comédie musicale… Mais elle se charge bientôt d’effets numériques et d’accès de sentimentalité qui gâchent un peu le plaisir procuré par l’enthousiasme et le talent de la distribution, dont on aura remarqué qu’elle rassemble quelques-uns des meilleurs acteurs du royaume.
Nanny McPhee, film de Kirk Jones (RU, 2005, 97 min). Avec Emma Thompson, Colin Firth.