Depuis plusieurs semaines, les prisons françaises sont le théâtre d’une grande agitation. Il y a d’abord le déménagement un peu partout en France de la centaine de détenus du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), dont il a fallu vider les cellules. L’objectif : faire de la place pour les 100 « plus dangereux » narcotrafiquants, qui doivent rejoindre l’établissement ultrasécurisé de la banlieue de Lens avant la fin juillet, conformément au souhait du gouvernement.
Mais il y a surtout les mouvements à l’intérieur même des prisons. Ceux-là sont totalement silencieux. La dizaine d’avocats pénalistes contactés par Le Monde font tous le même constat : des détenus, condamnés ou en détention provisoire pour trafic de stupéfiants, sont placés à l’isolement, du jour au lendemain, sans raison apparente. Sauf celle de constituer un premier vivier, afin d’établir la fameuse liste des 100 aujourd’hui tenue secrète par la chancellerie.
Depuis son bureau parisien, l’avocate Ménya Arab-Tigrine raconte le cas d’un de ses clients. Liam (le prénom a été changé) a 25 ans et, après avoir été arrêté à bord d’un bateau qui transportait de la drogue, il a été incarcéré au centre pénitentiaire de Ducos, à la Martinique, où il attend d’être jugé. C’est sa première condamnation. Un détenu sans histoire qui n’a fait l’objet d’aucun signalement particulier. Sauf que, dans une prison où pullulent les punaises de lit et les rats, il tombe malade.
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