« Napoléon du Sertao » : le surnom en disait long sur Niède Guidon. Conquérante, audacieuse, visionnaire, mais aussi autoritaire, clivante et mégalo, l’archéologue franco-brésilienne était une figure hors norme, la seule, à force d’ambition et grâce à un caractère bien trempé, à pouvoir mettre le Sertao, cette région semi-aride et isolée du Nordeste brésilien, sur les cartes mondiales de la préhistoire. Elle est morte mercredi 4 juin à l’âge de 92 ans.
« Napoléon ? Je préfère “Napoléone” ! », rétorquait-elle, en 2023, à l’auteur de ces lignes, de sa maison située en lisière de l’épicentre de sa vie, la serra da Capivara. Un bijou situé dans le sud de l’Etat du Piaui, mis au jour par Niède Guidon et abritant, sur 130 000 hectares de canyons et de broussailles, plus de mille sites de peintures et gravures rupestres. Un véritable « Lascaux brésilien », classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Il fallait la voir, cette petite nonagénaire à la crinière argentée, défendre avec fougue les mille et une vertus de « sa » Capivara. Sur les parois d’arénite, cerfs, tatous, autruches et crocodiles, ocres ou laiteux, côtoient une foultitude d’humains, qui courent, sautent, paraissent danser ou faire l’amour… Autant d’instantanés exceptionnels de la vie des anciens Américains, dont l’archéologue fut l’intraitable gardienne.
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