Pendant longtemps, les successions ont donné lieu à des disputes familiales où des fratries se déchiraient pour une soupière. Un nouveau phénomène est apparu depuis quelques années : la bataille menée par ceux qui veulent tout garder… mais pas chez eux (c’est complet), et qui tentent de convaincre le reste de la famille d’entreposer à domicile la bassine à confiture, l’armoire normande ou le plat à asperges. Car, si l’envie de garder la mémoire de son enfance est immuable, les surfaces disponibles, elles, se sont rétrécies.
C’est arrivé près de chez nous
Cela se produit généralement dans les mois qui suivent un décès, quand il faut vider la maison ou l’appartement d’un aïeul. Les commissaires-priseurs ont pincé le nez, les antiquaires n’ont rien vu d’intéressant à part un tabouret, les brocanteurs ont promis de débarrasser le domicile, « pour rien ». C’est le moment où l’on se rend compte que les objets n’ont de valeur que sentimentale.
Des bibelots oubliés depuis des décennies dans des placards fermés rallument mémoire et souvenirs. Savoir qu’on n’a pas de place chez soi ne signifie pas qu’on soit prêt à s’en séparer. C’est alors que des grandes personnes, déchirées à l’idée de devoir renoncer à des meubles en chêne alors que leur logement déborde d’aggloméré suédois, tentent de convaincre leurs frères et sœurs de les prendre chez eux, histoire d’avoir moins le sentiment d’y renoncer.
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