- La procureure de Dunkerque a indiqué que des investigations ont été lancées suite au signalement d’une association d’aide aux migrants.
- Utopia 56 a déploré des agressions verbales et physiques contre un groupe de personnes immigrées à Grand-Fort-Philippe début septembre.
- Elle soupçonne des militants du parti britannique d’extrême droite UKIP d’en être responsables.
Les investigations commencent seulement. Le parquet de Dunkerque a ouvert une enquête préliminaire pour « violences aggravées »
commises sur des migrants et signalées par une association qui soupçonne des militants d’extrême droite britanniques, mais sans « preuve formelle »
. Cette enquête « aura pour objet de vérifier la date et le lieu des faits, de matérialiser l’infraction dénoncée, et d’identifier les victimes et les auteurs »
, a expliqué la procureure de Dunkerque Charlotte Huet, dans une réponse par écrit à l’AFP.
Dans la nuit du 9 au 10 septembre, quatre hommes arborant des drapeaux anglais et du Royaume-Uni ont agressé verbalement et physiquement un groupe de migrants à Grand-Fort-Philippe, près de Dunkerque (nouvelle fenêtre), en leur disant qu’ils n’étaient pas les bienvenus en Angleterre et en volant certaines de leurs affaires, a rapporté vendredi à l’AFP Félicie Penneron, coordinatrice de l’association d’aide aux migrants Utopia 56 dans cette zone. « On n’a aucune preuve formelle »
concernant les agresseurs, a-t-elle cependant prévenu.
Des agressions signalées pour « la cinquième fois cette année »
Dans un signalement transmis le 18 septembre au parquet, l’organisation a fait part de ces violences aggravées. « Les éléments transmis dans ce courrier ne permettent pas à cette heure d’identifier, ni même de dénombrer les auteurs et victimes »
, lesquelles ne souhaitent pas déposer plainte, a précisé Charlotte Huet. Utopia 56 a souligné dans un nouveau courrier adressé au parquet début octobre qu’une vidéo postée fin septembre sur le compte X du parti britannique d’extrême droite UKIP (nouvelle fenêtre) « corroborerait les faits »
que l’association a dénoncés dans son signalement, a encore relevé la procureure.
Dans cette vidéo, relayée par l’association sur son compte Instagram (nouvelle fenêtre), on aperçoit des hommes munis pour certains de drapeaux du Royaume-Uni et de l’Angleterre se diriger vers des migrants allongés au sol, qu’ils réveillent avec leur lampe torche, tandis que des voix scandent « You shall not pass »
, « Vous ne passerez pas »
. Ces individus ont « agressé physiquement et verbalement des personnes, dans l’idée de les dissuader de traverser la Manche »
, a affirmé Utopia56 sur X (nouvelle fenêtre).
Elle a précisé avoir envoyé également des signalements « aux préfectures du Nord et du Pas-de-Calais, ainsi qu’aux différentes mairies du littoral »
, et ajouté que « c’est au moins la cinquième fois cette année que nous signalons
de telles agressions
(nouvelle fenêtre) dans le Nord de la France »
.
L’extrême droite anglaise veut « maintenir une présence sur le sol français »
Interrogé par l’AFP, l’UKIP a confirmé samedi que certains de ses militants se sont rendus sur le littoral du nord de la France en septembre, mais sans détailler leurs actions. Leur but est de « comprendre pourquoi la police française n’arrête pas, ne détient pas et n’expulse pas tous les migrants économiques qui tentent d’entrer illégalement en Grande-Bretagne, d’autant plus que nous, les contribuables britanniques, payons le gouvernement français pour qu’il assure
un contrôle adéquat des frontières
(nouvelle fenêtre)«
, selon le parti d’extrême droite.
Ces expéditions en France, qui ne sont pas les premières, continueront tant que cette situation perdurera, a-t-il encore promis. L’UKIP a ainsi lancé cet été une cagnotte en ligne pour « maintenir une présence sur le sol français »
et tenter de davantage empêcher les départs clandestins vers l’Angleterre, avec plus de 18.000 livres (plus de 20.000 euros) récoltées à ce jour.
« C’est inquiétant, il y a une montée de la violence, avec des militants d’extrême droite qui viennent jusque chez nous, on est sur un territoire au bord de l’explosion »
, a réagi vendredi auprès de l’AFP Sony Clinquart, le maire sans étiquette de Grand-Fort-Philippe.
Malgré la promesse du gouvernement travailliste Keir Starmer d’endiguer le phénomène, plus de 34.000 migrants ont traversé clandestinement la frontière franco-britannique à bord d’embarcations de fortune (« small boats »
) depuis le début de l’année, un record. Au moins 27 migrants sont morts depuis le début de l’année en tentant de telles traversées, très risquées, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles.