« Le lendemain des attentats du 13-Novembre [2015], le mec que j’aimais m’a envoyé un WhatsApp du fin fond de l’Ouzbékistan. Je revois encore parfaitement la façon dont le texte était arrangé sur l’écran, la ponctuation, la bulle blanche… Aujourd’hui, on ne se voit plus, mais quand je ressors la capture d’écran de ce message prise il y a des années, je décolle », raconte Chloé (le prénom a été modifié), 43 ans, libraire à Paris. « Sur une île déserte, je garderais probablement l’alliance de ma mère, un couteau suisse, et cette capture. »
Géolocalisation d’un vieil hôtel au bord de la mer, grimace renfrognée d’un ami, recherche Google absurde, titre de chanson… Chloé n’est pas seule à collectionner les copies d’écran. « Quand je suis lovée dans mon lit la nuit et que je veux passer en revue mes souvenirs, c’est dans mon dossier de captures d’écran que je vais d’abord, pas dans mes albums photo. (…) Sans elles, une grande partie de mon existence serait oubliée, perdue dans les mégaoctets éthérés d’Internet », écrivait en 2021 la journaliste Clio Chang, dans le New York Times.
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