LA LISTE DE LA MATINALE
Pour s’évader mais aussi réfléchir, nous vous proposons d’embarquer vos enfants dans une odyssée à la découverte des impressionnistes, de mettre la main à la pâte en confectionnant des cookies plus que gourmands et de prendre le temps d’écouter les débats du procès de Bobigny – c’était en 1972 – et les textes d’un écrivain de l’Oulipo.
Impressionner les enfants
Petit chaperon rose deviendra grand. Depuis le lancement de ses « Odyssées », son podcast vitaminé qui emmène les enfants de 7 à 12 ans dans les aventures des grands personnages, Laure Grandbesançon a cumulé 36 millions d’écoutes et inventé une forme scénique. Pour le printemps 2024, elle propose, en coproduction avec le Musée d’Orsay et celui de l’Orangerie à Paris, cinq épisodes consacrés à l’impressionnisme. L’occasion pour les plus jeunes de s’immerger dans l’univers de Claude Monet (1840-1926), Edgar Degas (1834-1917), Berthe Morisot (1841-1895)…
A travers leur peinture, et avec son sens fou de la narration, c’est toute une époque que cette série raconte aussi. Celle de la révolution industrielle et de la première guerre mondiale, lors de laquelle, encouragé par son ami Georges Clemenceau (1841-1929), Monet travaille à de grands panneaux décoratifs sur le thème des « Nymphéas » – exposés dans les deux salles elliptiques du Musée de l’Orangerie. Aller voir, ouvrir les yeux, être curieux des autres et du monde, c’est tout cela que réussissent, à chaque fois, Laure Grandbesançon et sa fine équipe de mise en ondes – saluons ici le travail d’Elodie Fiat, bruiteuse à Radio France.
« Les Odyssées des Musées d’Orsay et de l’Orangerie », un podcast de Laure Grandbesançon réalisé par Marion Le Lay et Anne Lhioreau (Fr., 2024, 5 × 15 min). A retrouver sur France Inter et toutes les plates-formes d’écoute habituelles.
Sur les traces de Georges Perec
D’abord avouer que l’écoute de cette série documentaire nous a mis les larmes aux yeux. Dire ensuite qu’à peine terminée, nous l’avons réécoutée, et plutôt trois fois qu’une. Parce qu’elle est particulièrement belle et dense. Et d’une densité qui n’est pas seulement savante mais sensible tant – et au-delà de son objet d’étude premier, les lieux de l’écrivain Georges Perec (1936-1982) – elle nous questionne et nous bouleverse. Parce qu’à travers Perec se pose la question des origines, du manque et de la trace. Et c’est tout cela que l’historienne Claire Zalc, avec une intelligence, une rigueur et une sensibilité extrêmes, interroge.
A l’épisode 1, elle nous emmène rue Vilin à Paris, une voie presque entièrement détruite, où Georges Perec vécut de 1936 à 1942, année où sa mère est arrêtée avant d’être assassinée à Auschwitz. De cette disparition, et de son manque abyssal de souvenirs, Perec ne pourra jamais se remettre. La Disparition, son roman fameux sans la lettre e, c’est dans l’Eure, au moulin d’Andé (épisode 2), que Perec l’écrit. Tenter de saisir, non ce que les discours officiels appellent l’événement, mais ce qui est en dessous : l’infra-ordinaire, c’est ce que Perec a toujours fait – notamment dans son texte sur Ellis Island (épisode 3), où il se rend avec Robert Bober en 1978. Le dernier volet nous emmène à Lubartow, lieu de naissance du père de Perec et de sa tante adoptive, petite bourgade de l’est de la Pologne, peuplée dans l’entre-deux-guerres de 3 300 juifs (43 % de la population de la ville) et dont la quasi-totalité a été assassinée par les nazis.
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