- La petite Zayneb, qui venait de naître dans un service de néonatalogie du CHU de Lille, est décédée mardi après avoir été retrouvée quelques jours plus tôt au pied de son berceau, blessée.
- Sa famille lance un appel à témoins, exhortant toute famille ayant constaté des dysfonctionnements au sein du même service à se faire connaître.
- La procureure a confirmé ce vendredi qu’un « enfant de 6 ans, membre d’une autre famille », avait été vu près du nourrisson, lorsqu’il a été découvert à terre.
Face à une incompréhension immense et douloureuse, elle espère obtenir des réponses. La famille de la petite Zayneb, décédée au CHU de Lille (nouvelle fenêtre), lance un appel à témoins, cherchant à comprendre ce qui a mené au drame. Le nourrisson prématuré avait été retrouvé blessé au sol dans un service de néonatalogie de l’hôpital Jeanne de Flandre, la maternité du centre. Il est décédé quelques jours plus tard.
Un enfant qui déambule sans surveillance dans le service et entre dans la chambre de bébés très fragiles, un service insuffisamment sécurisé, une surveillance trop distante… Les proches du nouveau-né, qui avait cinq jours lors des faits, disent avoir constaté des anomalies « concernant la sécurité »
de cette maternité. Elle appelle donc toute famille ayant constaté des éléments similaires à témoigner, a expliqué à l’AFP Karima Farhi, cousine du père, devenue la porte-parole de la famille, qui habite Tourcoing. Les personnes souhaitant s’exprimer sont invitées à contacter le parquet de Lille.
« Le personnel médical avait été prévenu » du comportement de l’enfant qui déambulait
Le nourrisson a été retrouvé blessé au sol le 11 juillet, en fin de matinée, au sein du service de néonatologie de cet hôpital, l’une des principales maternités de la région. La petite fille, née à 7 mois en demi de grossesse, n’a pas survécu et est décédée mardi. Ce vendredi, la procureure Carole Étienne a indiqué qu’elle était morte d’un traumatisme « compatible avec une chute »
(nouvelle fenêtre).
Elle a par ailleurs confirmé qu’un enfant avait été vu près du berceau au moment des faits, appuyant les déclarations de la famille de Zayneb, qui a pointé le comportement perturbateur du frère d’un autre bébé hospitalisé dans le service. Selon la procureure, un « enfant de six ans, membre d’une autre famille, a effectivement été vu à proximité du berceau et de l’enfant au sol »
.
D’après la police, un jeune garçon serait entré dans la chambre du nourrisson, l’aurait saisi et l’aurait fait tomber. « Cet enfant, ça faisait plusieurs jours qu’il était dans les services où les puéricultrices l’avaient déjà repris plusieurs fois sur son comportement »
, a relaté jeudi auprès de TF1 Delphine, une jeune maman dont l’enfant était hospitalisé dans le même service. Elle affirme avoir été la première à donner l’alerte après avoir découvert le nouveau-né inerte, au pied de son berceau.
Les jours précédant le drame, « le grand-père maternel (de Zayneb) est allé voir la maman du petit garçon à deux reprises pour lui indiquer qu’il fallait qu’elle surveille son enfant »
, a rapporté Karima Farhi à l’AFP. Selon elle, « le personnel médical avait été prévenu »
du « comportement anormal depuis plusieurs jours »
du garçonnet, déjà vu à proximité de l’enfant, « qu’il appelait
ma poupée«
.
Par ailleurs, la veille de la découverte de l’enfant au sol, la mère de la petite fille l’avait retrouvée sans sa couche ni son matériel médical, mais le personnel lui avait répondu qu’elle avait dû les enlever toute seule, toujours d’après cette cousine. Interrogée mercredi dans le 20H de TF1, Karima Farhi avait déjà souligné que «
l’impensable s’est produit dans un hôpital réputé
(nouvelle fenêtre), un service censé être sous haute surveillance »
. « Zayneb a été retrouvée la veille du drame sans électrode, sans couche, mouillée. L’explication du personnel médical a été qu’elle s’était enlevée ses électrodes et sa couche seule »
, avait-elle dénoncé.
Les visites limitées aux parents, mesures « maintenues tant que nécessaire »
La mère du nouveau-né, une jeune femme de 23 ans dont Zayneb était le premier enfant, « ne veut pas »
laisser penser « qu’elle a laissé son enfant sans surveillance »
alors qu’« elle l’a confié au personnel hospitalier »
pendant qu’elle réalisait les formalités pour sa propre sortie de l’hôpital, dans un autre service, a insisté la porte-parole de la famille auprès de l’AFP.
Le centre hospitalier, évoquant dans un communiqué de presse mercredi « un événement exceptionnel particulièrement grave et bouleversant »
, a strictement limité les visites en néonatologie. Désormais, seuls les parents peuvent rendre visite aux bébés qui y sont hospitalisés, des mesures « maintenues tant que nécessaire »
a précisé l’hôpital à l’AFP vendredi. Une enquête administrative interne est également en cours, qui devrait aboutir d’ici deux semaines. De son côté, l’enquête judiciaire ouverte pour « recherche des causes de la mort »
se poursuit.
La famille du nourrisson, qui ne sait pas encore si elle portera plainte, a appelé l’hôpital à « assumer sa responsabilité »
pour que « cela n’arrive plus jamais »
. Le livret d’accueil du CHU stipule que dans l’unité de néonatalogie, « les frères et sœurs sont admis mais doivent être accompagnés et surveillés »
. « On ne peut pas accepter »
de voir « un enfant livré à lui-même, et que ni le personnel soignant ni l’hôpital ne soit responsable »
, a estimé Karima Farhi, évoquant la possibilité d’un système de garde.
