Un rapport de la mission de l’ONU en Haïti (Binuh) et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), publié lundi 23 décembre, dénonce les conditions dans lesquelles 134 hommes et 73 femmes ont été abattus entre le 6 et le 11 décembre à Port-au-Prince.
La majorité de ces 207 victimes « était des personnes âgées accusées de pratiquer le vaudou et d’avoir prétendument causé la maladie de l’enfant » de Micanor Altes, chef du gang de Wharf Jérémie, fort de quelque 300 membres, d’après le texte.
« Le soir du 6 décembre, il a donné l’ordre aux membres de son gang de mener une “chasse à l’homme brutale”. Ces derniers ont fait irruption dans une dizaine de ruelles du quartier et sorti de force les victimes de chez elles », explique l’ONU.
« Elles ont été emmenées dans le fief du gang où elles ont été tenues en captivité et interrogées (…). Elles ont ensuite été conduites vers un site d’exécution se trouvant à proximité, avant d’être abattues ou tuées avec des machettes. Le gang a tenté d’effacer toute preuve en brûlant les corps, ou en les démembrant, pour ensuite les jeter à la mer », selon le rapport.
Plus de 5 350 personnes tuées en 2024, selon l’ONU
« Les autres victimes étaient des membres de la famille des personnes âgées, ayant tenté de fuir la zone, ou des individus soupçonnés d’avoir divulgué des informations sur ces crimes aux médias locaux », ajoute le rapport.
« Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était. J’appelle la justice haïtienne à mener une enquête approfondie sur ces crimes horribles et à arrêter et punir leurs auteurs », affirme Maria Isabel Salvador, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en Haïti, soulignant que ces crimes ciblent « les populations les plus vulnérables ».
La violence des gangs, déjà endémique en Haïti, s’aggrave depuis des mois. Meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, s’intensifient. « Depuis le début de l’année 2024, (…) plus de 5 350 personnes ont été tuées et plus de 2 155 autres blessées », souligne le rapport lundi.
D’origine africaine et pilier de la culture du pays, le vaudou est arrivé en Haïti avec les esclaves africains. Il avait été interdit pendant l’occupation coloniale française (indépendance en 1804) et n’a été reconnu comme une religion officielle par le gouvernement qu’en 2003.