La relation franco-allemande apparaît depuis quelque temps comme une relation morose, que certains estiment dépassée. Il est vrai que cette crise de leadership s’ajoute aux crises politiques en France et en Allemagne à un moment où l’Europe aurait besoin d’un « sursaut » face aux défis géopolitiques internes et externes qu’elle doit relever.
A l’évocation de la relation entre la France et l’Allemagne, viennent à l’esprit les images fortes de la réconciliation et de l’entente, d’Adenauer et de Gaulle à Macron et Merkel. Ces images d’Epinal de la relation franco-allemande en ont fait sa force… mais également sa faiblesse.
En effet, lorsque les dirigeants ne peuvent se mettre en scène avec cette puissance symbolique, frisant parfois le kitsch, la relation semble manquer d’incarnation. Mais si l’incarnation manque, c’est souvent parce que la volonté politique est dissonante. Cela n’empêche pas – et il faut le rappeler – que la France et l’Allemagne ont une relation que ne connaît aucun autre pays dans le monde.
Certes, les désaccords franco-allemands semblent de plus en plus nombreux. Ils s’accumulent et ils inquiètent : accord avec le Mercosur, relation commerciale avec la puissance industrielle chinoise, questions énergétiques, mais aussi position sur Israël et Gaza et le conflit au Moyen-Orient, mise en œuvre du soutien militaire à l’Ukraine… Les intérêts de la France et de l’Allemagne ne sont pas alignés, c’est vrai, mais l’étaient-ils en 1950 au moment du plan Schuman ? En 1957 au moment des traités de Rome ? En 1992 au moment du traité de Maastricht ?
Pourtant, la relation franco-allemande fonctionne, car elle a toujours eu pour objectif de s’assurer que les deux pays feraient tout pour dépasser leurs désaccords structurels. Si l’on reproche aux dirigeants de ne pas avoir assez investi une relation probablement trop dépendante de leurs personnalités et de se concentrer sur leurs problématiques intérieures, le réflexe acquis au cours des dernières décennies permet de répondre « en » Franco-Allemand aux crises géopolitiques.
Il vous reste 65.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.