L’avertissement avait été passé par l’intermédiaire des familles, des responsables coutumiers et de téléphones que la gendarmerie a fait remettre à la dizaine de personnes encore recherchées par les forces de l’ordre et qui se cachent au milieu de la population à la tribu de Saint-Louis, au sud de Nouméa. Faute de reddition, ils finiraient par être interpellés au cours d’une des opérations spéciales menées chaque nuit ou presque, notamment par le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Avec les risques que cela comporte.
Aux petites heures du jour, jeudi 19 septembre, Samuel Moekia, 30 ans, et Johan Kaidine, 29 ans, sont décédés dans ce fief indépendantiste, au cours d’échanges de tirs avec les forces de l’ordre, ont confirmé plusieurs sources au Monde, portant à treize le nombre de morts depuis le début des violences, en mai. Ils sont soupçonnés de faire partie des auteurs des quelque 330 coups de feu essuyés par les gendarmes sur la route qui passe devant la tribu depuis le début des émeutes, et d’avoir participé à la soixantaine de « car-jacking », des vols de voiture à main armée, qui ont eu lieu au même endroit depuis le mois de juin.
Des faits qui ont conduit les autorités à fermer, mi-juillet, 6 kilomètres de route et à déployer 150 gendarmes qui contrôlent en permanence les allées et venues : pour rentrer chez eux, à pied – seuls les véhicules de secours étant autorisés à passer –, les habitants de Saint-Louis doivent présenter une pièce d’identité. Le transport d’essence ou de bouteilles de gaz sont interdits. Les habitants du sud de l’archipel, soit 10 000 personnes, doivent, eux, emprunter des navettes maritimes pour se rendre à Nouméa.
« Des piège »
Ces mesures drastiques se justifient « par l’insécurité qui règne sur la traversée de Saint-Louis », explique le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie. Le 15 mai dernier, c’est au sud de la tribu, au pont de La Coulée, qu’un jeune gendarme de 22 ans, Nicolas Molinari, a été tué d’une balle dans la tête.
Les forces de l’ordre feraient face à une poignée de militants, connus de la justice pour des faits de délinquance de droit commun, âgés de 20 à 40 ans, déterminés à en découdre avec les gendarmes quitte à y perdre la vie, estime le général Matthéos. Comme leur leader, Rock Victorin Wamytan, dit « Banane », tué le 10 juillet par un tireur d’élite, alors qu’il était réfugié dans la mission de Saint-Louis, d’où il tirait sur les gendarmes, selon les premiers éléments de l’enquête. « Les car-jacking, pour moi ce sont des pièges destinés à attirer les gendarmes. L’objectif, assure-t-il, est de tuer l’un des nôtres pour venger la mort de William Decoiré. »
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