La Nouvelle-Calédonie s’est réveillée mercredi 15 mai après une deuxième nuit d’affilée d’émeutes, dénoncées comme « indignes » par Emmanuel Macron, pendant que les députés votaient à Paris la révision constitutionnelle du corps électoral à l’origine de la colère du camp indépendantiste. Dans la nuit de mardi à mercredi, deux personnes sont mortes lors de ces violences, qui secouent l’archipel depuis lundi, a annoncé le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc. Une a été victime d’un « tir par balle » à Nouméa, a déclaré le représentant de l’Etat lors d’une conférence de presse, en affirmant qu’il ne s’agissait « pas d’un tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu’un qui a certainement voulu se défendre ».
Les « circonstances » dans lesquelles cette personne a été tuée par balles restent à « préciser », a déclaré de son côté le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, mercredi, sur RTL. Une deuxième personne a été tuée mercredi dans le territoire français du Pacifique Sud, a indiqué le haut-commissariat, sans donner aucune autre précision. Une jeune femme enceinte qui n’a pu rejoindre l’hôpital a par ailleurs perdu son bébé.
Alors que cette deuxième nuit d’émeutes a été marquée par de nombreux incendies, pillages et échanges de tirs, y compris contre les forces de l’ordre, le dégel du corps électoral calédonien tout juste voté à l’Assemblée nationale « ne mérite pas la guerre », a déclaré Louis Le Franc. « La situation est insurrectionnelle. On s’engage tout droit dans une guerre civile », s’est alarmé le représentant de l’Etat, qui a appelé « au calme, impératif ». « Ce mot d’ordre vaut pour l’ensemble de la population, pour ceux aussi qui vivent en camp retranché, pour tous les émeutiers qui sont sur l’agglomération de Nouméa (…) et détruisent mairies et centres d’alimentation, et évacuent de force des personnes de leur habitation pour ensuite brûler celles-ci. »
« La population est terrorisée »
Des « centaines » de personnes ont été blessées, dont une « centaine » de policiers et gendarmes, a déclaré Gérald Darmanin, mercredi. Parmi eux, on compte notamment quarante-sept gendarmes et quatorze policiers blessés par des cailloux « visant la tête », a précisé M. Le Franc. Des « milliers » de jeunes de 15 à 25 ans ont, selon lui, convergé vers l’agglomération de Nouméa, « de manière échelonnée », et « la population est terrorisée ». L’Etat accuse ceux qui tiennent la rue d’être dirigés par la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). La CCAT a démenti mardi « avoir jamais donné l’ordre de piller des magasins ».
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