Une semaine après de premiers pourparlers qualifiés de « constructifs » par les deux pays, une deuxième session de discussions entre l’Iran et les Etats-Unis sur le nucléaire iranien a eu lieu samedi 19 avril à Rome. Elle a pris fin après quatre heures de discussions, a rapporté la télévision d’Etat iranienne en milieu d’après-midi, en montrant les images d’une délégation quittant les lieux. « L’atmosphère des discussions a été constructive », a déclaré une envoyée spéciale, ajoutant que de nouveaux pourparlers pourraient se tenir « dans les prochains jours ».
Pilotées par le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, et l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ces négociations « indirectes », comme lors de la précédente session à Mascate, se sont tenues à la résidence de l’ambassadeur d’Oman, le chef de la diplomatie de ce pays du Golfe assurant la médiation, a précisé le porte-parole du ministère des affaires étrangères d’Iran. « Les deux délégations sont dans des pièces séparées » entre lesquelles le ministre omanais « convoie les messages des deux parties », avait déclaré Esmaeil Baghaei à la télévision d’Etat iranienne dans la matinée.
Il s’agit de la deuxième réunion à ce niveau depuis le retrait américain, en mai 2018, lors de la première présidence de Donald Trump, de l’accord international sur le nucléaire iranien qui prévoyait un encadrement des activités de l’Iran dans ce domaine en échange d’une levée des sanctions.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, M. Trump a relancé sa politique dite « de pression maximale » contre l’Iran, avec lequel les Etats-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. En mars, il avait appelé le pouvoir iranien à négocier un nouvel accord, mais avait menacé de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie. M. Trump a toutefois affirmé jeudi qu’il n’était « pas pressé » d’utiliser l’option militaire. « Je pense que l’Iran veut discuter », a-t-il souligné.
Le chemin vers un accord « n’est pas sans embûches »
La délégation iranienne est arrivée à Rome dans la nuit, d’après des images diffusées samedi par la télévision d’Etat iranienne, montrant M. Araghtchi descendant d’un avion. Il mènera des discussions « indirectes », a précisé la chaîne. A la veille des discussions, M. Araghtchi a fait part de ses « sérieux doutes » quant aux intentions des Etats-Unis. « Nous sommes conscients que le chemin » vers un accord « n’est pas sans embûches », a écrit samedi sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaeil Baghaei.
Les pays occidentaux et Israël – ennemi juré du pouvoir iranien – soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie. Dans un entretien au Monde mercredi, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a affirmé que l’Iran n’était « pas loin » de disposer de la bombe atomique.
Après le retrait américain de l’accord de 2015, et le rétablissement de sanctions américaines, Téhéran a pris progressivement ses distances avec le texte, en représailles. Le pays enrichit de l’uranium jusqu’à 60 %, bien au-dessus du plafond de 3,67 % qui lui a été fixé, restant toutefois en deçà du seuil des 90 % nécessaires à la fabrication de l’arme atomique, selon l’AIEA.
Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a appelé les Européens, membres de l’accord, à prendre rapidement une « décision importante » concernant le « rétablissement des sanctions » internationales contre l’Iran, car il « ne respecte clairement pas l’accord actuel ». L’Iran insiste pour que les pourparlers se limitent au nucléaire et à la levée des sanctions, et considère comme une « ligne rouge » l’arrêt de toutes ses activités. Vendredi, M. Araghtchi a encore mis en garde les Etats-Unis contre « des demandes déraisonnables et irréalistes », après que M. Witkoff a réclamé en début de semaine un démantèlement total du programme nucléaire, y compris civil.
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Les gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont exclu toute discussion sur les capacités militaires et de défense, dont le programme balistique qui inquiète à l’étranger. L’influence régionale de l’Iran figure aussi parmi « les lignes rouges » du pays, selon l’agence de presse officielle IRNA. Téhéran soutient dans la région ce qu’il qualifie d’« axe de la résistance », une alliance de groupes armés hostiles à Israël incluant le Hamas, le Hezbollah libanais, les rebelles houthistes du Yémen et des milices chiites en Irak. Après le lancement des pourparlers irano-américains, Israël a réaffirmé sa détermination à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, disant disposer d’un « plan d’action » pour ce faire.