Le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté, vendredi 26 septembre, la proposition de la Russie et de la Chine de prolonger de six mois l’accord sur le nucléaire iranien pour empêcher le rétablissement des sanctions contre Téhéran dès samedi. La résolution n’a recueilli que 4 voix pour, 9 Etats membres ont voté contre et 2 se sont abstenus.
Par conséquent, « les sanctions (…) seront réimposées ce week-end », a déclaré l’ambassadrice britannique aux Nations unies, Barbara Woodward. « A notre grand regret, l’Iran a persisté dans son attitude de refus. Nous attendions des gestes, mais des gestes concrets et précis. L’Iran n’en a produit aucun qui soit vraiment concret et précis », a justifié Jérôme Bonnafont, son homologue français.
« Ce n’est pas de la diplomatie, c’est de la tromperie, des mensonges et le théâtre de l’absurde », a fustigé pour sa part l’ambassadeur russe adjoint, Dmitry Polyanskiy, qui a dénoncé « l’hypocrisie » européenne face à la « sagesse stratégique et flexibilité diplomatique » de l’Iran. Les ambassadeurs britannique et français ont néanmoins souligné que le rétablissement des sanctions ne signifiait pas la fin des efforts diplomatiques.
L’Iran « ne cédera jamais à la pression »
Le ministre des affaires étrangères iranien a déclaré « légalement nul et non avenu » le rétablissement de ces sanctions de l’ONU contre Téhéran. « L’Iran ne cédera jamais à la pression. Nous ne répondons qu’au respect. Le choix est clair : l’escalade ou la diplomatie », a ajouté Abbas Araghtchi devant la presse. Il a rapporté que des agents de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sont actuellement en Iran pour inspecter les sites nucléaires de la République islamique « conformément à un accord que j’ai conclu avec Rafael Grossi », le directeur de l’AIEA, a déclaré Abbas Araghtchi.
La semaine dernière, le Conseil de sécurité avait donné son accord au mécanisme de rétablissement des sanctions, dit « snapback », qui interviendra automatiquement samedi à minuit GMT. Depuis, une course contre la montre s’était engagée pour les diplomates et les dirigeants.
Les réunions au plus haut niveau se sont ainsi multipliées en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, avec notamment une rencontre entre le président français, Emmanuel Macron, et son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, pour trouver un compromis sur la levée des sanctions. Mais dès jeudi soir, les principaux responsables de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni impliqués dans les discussions avaient quitté New York.
Les Européens avaient posé trois conditions : reprise des négociations avec les Etats-Unis, acteur incontournable dans ce dossier ; accès des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les sites nucléaires sensibles, en particulier Natanz, Fordo et Ispahan ; processus pour sécuriser le stock d’uranium enrichi.
« Nous avions demandé des gestes de transparence, permettant de faire la lumière sur l’état et la localisation du stock des matières enrichies, en particulier des 450 kg d’uranium hautement enrichi à 60 % », a détaillé l’ambassadeur de France.
Menaces de Benyamin Nétanyahou
Ce dossier empoisonne depuis des années les relations de Téhéran avec les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, son ennemi juré, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique, ce que ce dernier dément. « Nous ne devons pas permettre à l’Iran de conserver ses capacités nucléaires militaires », les stocks d’uranium enrichi « doivent être éliminés et demain [samedi], les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre l’Iran doivent être rétablies », avait demandé vendredi le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à la tribune des Nations unies.
L’émissaire américain Steve Witkoff, qui négociait avec Téhéran jusqu’à l’attaque d’Israël en juin dernier contre des infrastructures iraniennes, avait également fait part de contacts cette semaine. Depuis Téhéran, le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait donné le ton dès mardi, affirmant que Téhéran ne céderait pas sur la question de l’enrichissement d’uranium. Or l’administration Trump veut désormais que l’Iran renonce à tout enrichissement.