L’Iran a officiellement suspendu mercredi 2 juillet sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), après avoir multiplié les accusations à son encontre depuis la récente guerre avec Israël.
Le 25 juin, au lendemain du cessez-le-feu qui a mis fin à douze jours de guerre, le Parlement iranien avait voté massivement un projet de loi qui suspend la coopération entre la République islamique et cette agence onusienne.
La loi a ensuite été approuvée par le Conseil des gardiens, l’organe chargé d’examiner la législation en Iran, avant d’être ratifiée par le président iranien, Massoud Pezeshkian, et d’entrer ainsi en vigueur. M. Pezeshkian « a promulgué la loi suspendant la coopération » avec l’AIEA, a annoncé mercredi la télévision publique. Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, avait déclaré lundi que le vote du Parlement reflétait « l’inquiétude et la colère de l’opinion publique iranienne ».
Des responsables iraniens avaient vivement dénoncé ce qu’ils appellent le « silence » de l’AIEA face aux bombardements israéliens et américains sur les sites nucléaires de l’Iran. Téhéran avait aussi critiqué l’agence pour une résolution adoptée le 12 juin, à la veille des premières frappes israéliennes, qui accusait l’Iran de non-respect de ses obligations dans le domaine nucléaire. Certains politiques avaient affirmé que cette résolution était l’une des « excuses » avancées pour justifier l’attaque israélienne.
« Intentions malveillantes »
L’Iran a, en outre, rejeté une demande, de la part du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, de visite de ses installations nucléaires bombardées, afin qu’il soit possible d’établir ce qu’il est advenu du stock d’uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d’une bombe atomique.
M. Grossi a estimé que l’Iran disposait des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l’uranium d’ici à « quelques mois ». Le 27 juin, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait dénoncé les « intentions malveillantes » du chef de l’AIEA.
La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, les trois pays européens impliqués de longue date dans les négociations relatives au nucléaire iranien, avaient dénoncé « les menaces » proférées contre Rafael Grossi. Les trois pays avaient appelé l’Iran « à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sûreté et la sécurité du personnel de l’AIEA ».
Affirmant que l’Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, une ambition maintes fois démentie par Téhéran, Israël avait lancé le 13 juin des frappes sur les installations nucléaires et militaires iraniennes, qui ont entraîné la mort de hauts gradés et de scientifiques développant le programme nucléaire.
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Les bombardements ont fait au moins 935 morts en Iran, selon un bilan officiel. En Israël, 28 personnes ont été tuées par les missiles et les drones iraniens tirés en riposte. Le président américain, Donald Trump, avait envoyé pendant la nuit du 21 au 22 juin des bombardiers frapper le site souterrain d’enrichissement d’uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et les installations nucléaires situées à Ispahan et à Natanz, dans le centre de l’Iran.
Selon Donald Trump, les bombardements américains ont « anéanti » le programme nucléaire iranien, mais l’étendue des dommages portés aux installations reste incertaine. Israël avait reconnu après le cessez-le-feu qu’il était trop tôt pour évaluer les dégâts.