- L’Iran a officiellement suspendu, mercredi 2 juillet, sa coopération avec l’AIEA après les bombardements israéliens et américains contre ses sites nucléaires.
- La décision de Téhéran a été qualifiée d' »inquiétante » par l’ONU et d' »inacceptable » par Washington.
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Israël-Iran, la fin de la « guerre de 12 jours » ?
Téhéran avait déjà balisé le terrain. L’Iran a officiellement suspendu, mercredi 2 juillet, sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), après avoir multiplié les accusations à l’encontre de l’agence onusienne lors de « la guerre de 12 jours » avec Israël.
Votée massivement par le Parlement iranien le 25 juin, au lendemain du cessez-le-feu avec Tel-Aviv, la loi suspendant cette coopération de la République islamique a été approuvée par le Conseil des Gardiens, l’organe iranien chargé d’examiner la législation. Avant d’être ratifiée par le président Massoud Pezeshkian, et d’entrer ainsi en vigueur.
« Nous avons vu la décision officielle, qui est évidemment inquiétante »
, a réagi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. Les États-Unis l’ont qualifiée d’« inacceptable »
, regrettant que « l’Iran ait choisi de suspendre sa coopération avec l’AIEA à un moment où il a la possibilité de faire marche arrière et de choisir la voie de la paix et de la prospérité »
.
Israël veut « rétablir toutes les sanctions »
« L’Iran doit coopérer pleinement et sans plus tarder avec l’AIEA »
, a poursuivi la porte-parole du département d’État américain, Tammy Bruce, « notamment en fournissant à l’AIEA les informations nécessaires pour clarifier et résoudre les questions de longue date concernant les matières nucléaires non déclarées en Iran. » « L’Iran ne peut pas avoir et n’aura pas d’arme nucléaire
« , a-t-elle répété.
La suspension par Téhéran de sa coopération avec l’AIEA a provoqué la colère d’Israël, dont le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a appelé le monde à « utiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre fin aux ambitions nucléaires iraniennes »
. Il a appelé l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, les trois pays européens signataires avec la Chine et les États-Unis de l’accord de 2015, devenu caduc après le retrait unilatéral de Washington en 2018, à « rétablir toutes les sanctions contre l’Iran »
, « maintenant »
. Berlin a qualifié de « signal désastreux »
la décision iranienne.
L’Iran a adhéré en 1970 au TNP, qui garantit l’usage pacifique de l’énergie atomique. Néanmoins, la République islamique a commencé à préparer le terrain d’un éventuel retrait durant l’offensive israélienne qui « a porté un coup irréparable »
à ce pacte de non-prolifération, selon l’ambassadeur iranien à Vienne, Reza Najafi. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, avait souligné, le 26 juin, que la coopération de Téhéran était « une obligation juridique », pour autant que l’Iran reste un pays signataire »
du TNP.
Pourquoi Téhéran en veut à l’AIEA
Face aux bombardements israéliens et américains sur les sites nucléaires de l’Iran, des responsables iraniens ont vivement dénoncé ce qu’ils appellent le « silence »
de l’AIEA. Téhéran a aussi critiqué l’agence de l’ONU pour une résolution adoptée le 12 juin, à la veille des premières frappes, qui accusait la République islamique de ne pas respecter ses obligations. Selon eux, cette résolution était l’une des « excuses »
pour justifier l’attaque israélienne.
L’Iran a en outre rejeté une demande de Rafael Grossi de visiter ses installations nucléaires bombardées, afin de pouvoir établir ce qu’il est advenu du stock d’uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d’une bombe atomique. Le 27 juin, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a fini par s’en prendre au patron de l’AIEA. « L’insistance de Rafael Grossi à visiter les sites bombardés (…) n’a pas de sens »
, a-t-il fustigé sur le réseau social X. « Et peut même cacher des intentions malveillantes. »