Politologue français, agrégé de philosophie, spécialiste de l’islam politique, Olivier Roy est né, le 30 août 1949, à La Rochelle. Diplômé de persan à l’Institut national des langues et civilisations orientales, il est l’un des analystes les plus fins de l’Afghanistan, pays où il a séjourné dès l’époque de l’invasion soviétique. En 1985, il publie le premier d’une longue liste d’ouvrages, L’Afghanistan. Islam et modernité politique (Seuil), dans lequel il décrit le milieu des madrasas (écoles religieuses), dont seront issus les talibans. En 2004, il écrit, avec Mariam Abou Zahab, grande spécialiste du monde pachtoun, Réseaux islamiques. La connexion afghano-pakistanaise (Hachette Littératures). Depuis 2009, il est professeur à l’Institut universitaire européen de Florence (Italie).
Comment définiriez-vous les talibans afghans ?
Ce sont des fondamentalistes ruraux, conservateurs et nationalistes. Mais, avant tout, ce sont des juristes. Pour eux, la loi islamique, la charia, fait tout, et l’Etat est chargé de l’appliquer. Ils sont atypiques parmi les mouvements musulmans, car, chez eux, il n’y a pas de dimension messianique. Ils sont rattachés à l’école juridique hanafite et au courant sunnite deobandi, proche du wahhabisme saoudien, très présent dans le sous-continent indien. Au début, dans les années 1990, il existait, en leur sein, deux influences, le soufisme et le salafisme, mais, ces dernières années, notamment sous l’effet des enseignements délivrés dans les madrasas, on a assisté à une salafisation des talibans.
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