- En milieu rural, il faut parfois faire plusieurs kilomètres pour remplir son réservoir d’essence.
- Alors à Saint-Saud-Lacoussière en Dordogne, les habitants ont eux-mêmes installé une station-service dans leur village.
- Le 20H de TF1 vous raconte l’aboutissement de ce projet audacieux.
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Le 20H
Au cœur du Périgord vert, Saint-Saud-Lacoussière. Dans ce village, un habitant a eu une idée surprenante, installer une station-service alors que la plus proche était à 20 kilomètres. « Je viens tous les jours à la station, forcément, pour vérifier un peu les pompes, que tout fonctionne et tout. »
Jérôme Garon est le boucher du village, mais aussi depuis deux ans le gérant de cette station-essence en libre-service. C’est lui qui a convaincu une trentaine d’habitants d’investir une partie de leurs économies, jusqu’à 5.000 euros, chacun selon ses moyens, pour devenir tous actionnaires de ce lieu atypique. « On a mis cinq ou six mois environ, rapporte Jérôme. On voulait que ça aille vite parce qu’on avait perdu la petite station communale, donc on voulait créer la nôtre rapidement. »
Un temps record pour ce projet chiffré à 280.000 euros et des travaux d’ampleur que Jérôme a supervisés lui-même. « Je crois que le trou doit être à 4 mètres de profondeur et la cuve a fait 30 mètres cubes donc c’est vraiment immense »,
montre-t-il sur des photos des travaux prises avec son téléphone.
Un projet soutenu par la mairie
Chaque jour, plus de 30 clients font leur plein. Il ne coûte pas plus cher qu’ailleurs et ça fait vivre le bourg. « Nous, on est assez attachés à notre village, donc c’était une bonne chose pour développer »,
confie une habitante. « Ça fait travailler un peu tout le monde, ça fait travailler le bourg,
renchérit un autre villageois. Je viens chercher mon pain en même temps que je fais le plein et je vais à la petite épicerie. »
Une initiative soutenue par le maire qui se mobilise aussi pour que le village ne perde pas ses habitants. La commune a perdu une vingtaine de commerces en 30 ans. Le premier magistrat de la ville a donc redoublé d’efforts. « La commune a donc fait l’acquisition d’un bâtiment, 90.000 euros, aidés par l’État
, indique Pierre Duval, maire (SE) de Saint-Saud-Lacoussière. Et nous avons fait les travaux pour aménager ces deux boutiques ».
Une boulangerie et une épicerie. Des travaux qui ont coûté 110.000 euros à la commune.
La gérante de boulangerie, Céline Genesseau, avait quelques craintes avant de s’installer. « Il faut être honnête,
dit-elle, les hivers sont compliqués, mais l’été, il y a quand même pas mal de monde, ça bouge pas mal, il y a plein de touristes. »
Une ouverture qui change le quotidien des habitants. « Son emplacement, en plus, dynamise le village »,
apprécie une cliente. Il fallait faire un peu de route auparavant pour acheter son pain. « J’allais à Mialet, à une dizaine de kilomètres. Mais bon, je prenais du pain assez conséquent pour pas y revenir tous les jours. Ici, j’ai tous les jours la baguette,
raconte un habitant.
Et le maire ne s’arrête pas là. Il a cédé gratuitement trois terrains municipaux pour attirer des entreprises. L’un d’entre eux fait 3.000 m² et abrite depuis deux ans une résidence privée pour seniors. « Si nous n’avions pas donné le terrain, il n’y aurait pas eu cette maison, tout simplement »
, lâche le maire. Un lieu qui permet aux résidents de rester vivre dans leur village natal. « Ils sont pas obligés de faire au moins une demi-heure de route pour trouver un Ehpad qui est bien plus loin que leur ville de naissance »
, souligne Audrey Fournier, responsable de la maison de la résidence des seniors. Et ces initiatives vont freiner la désertification du village. « Il faut dire qu’il y a un effet boule de neige,
constate Pierre Duval. Des jeunes qui reviennent au pays, créent leur société, chose qu’on ne voyait plus déjà depuis quelques décennies. »
Depuis 2020, Saint-Saud-Lacoussière a vu sa population augmenter, passant de 800 à 900 habitants.
