Auteur présumé d’un attentat qui a fait une dizaine de blessés à Lyon en 2019, un Algérien comparaît ce lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Morgane, qui se trouvait sur place quand la bombe a explosé et a été blessée, livre son témoignage à TF1-LCI.
Suivez la couverture complète
Explosion à Lyon : l’enquête sur l’attaque au colis piégé
Auteur présumé d’un attentat à la bombe artisanale qui avait fait plus d’une dizaine de blessés dans une rue piétonne de Lyon en mai 2019, l’Algérien Mohamed Medjdoub comparaît à partir de lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Jugé pour tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, fabrication d’un engin explosif en relation avec une entreprise terroriste et détention et transport de produit explosif, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Le 24 mai 2019, deux jours avant les élections européennes, le jeune homme radicalisé avait posé une bombe fabriquée par ses soins devant la boulangerie Brioche Dorée dans la rue lyonnaise Victor-Hugo. L’explosion de son engin, de faible intensité, avait fait plus d’une dizaine de blessés dont une fillette de 10 ans. « On était complètement assourdis par l’explosion. Un effet de blast, les oreilles qui sifflaient, on n’entendait plus rien clairement », se souvient dans le reportage en tête de cet article, Morgane, qui se trouvait dans la rue avec des amis quand la bombe a explosé.
« Sa vie va être entre quatre murs »
« Quand on s’est un peu relevé chacun notre tour, on a remarqué nos blessures, donc on avait peur et on s’est caché », poursuit celle dont les jambes ont été lacérées par la ferraille contenue dans l’engin explosif. Il ne lui reste aujourd’hui que quelques cicatrices et ce procès à venir. « C’est un peu angoissant parce qu’on va se retrouver face à une personne qu’on n’a jamais vue, qui a voulu nous tuer », confie la jeune femme. « Mais je pense qu’on a tous besoin d’être là-bas pour pouvoir y être, le voir », ajoute-t-elle avant de conclure : « Pour nous, la vie continue. »
Sur des images de vidéosurveillance de la ville de Lyon, on voyait l’auteur présumé de l’attentat circulant à vélo, le visage dissimulé sous une casquette et des lunettes de soleil. La bombe, emballée dans un sac en papier, était composée de TATP, un explosif artisanal relativement facile à fabriquer, enfermé dans un tube de chips avec plus de 270 billes et vis métalliques. L’accusé avait acheté les composants pour la fabriquer sur internet. Un dispositif très artisanal qui n’a pas eu l’effet attendu. « Il aurait à mon avis voulu qu’il y ait plus de victimes, voire des morts. Ça n’a pas été le cas parce qu’il n’a pas mis les bons dosages dans son engin explosif. Il aurait voulu que la France tombe dans la guerre civile avant les élections européennes, ça n’a pas été le cas non plus », commente dans la vidéo ci-dessus, Me Jean-Baptiste Mathieu, avocat de parties civiles. « Quand je dis que c’est raté, c’est qu’aujourd’hui, lui, sa vie va être entre quatre murs », poursuit ce dernier.
« Terroriser la population même en allant chercher leur pain »
Les enquêteurs avaient pu remonter la piste du poseur de bombe grâce au système de mise à feu utilisé. Des piles, exclusivement vendues par Amazon, avaient servi pour activer l’engin. Après examen de l’historique des commandes Amazon de ces piles et les informations issues de la vidéosurveillance, les enquêteurs interpellaient Mohamed Medjdoub trois jours après l’attentat. L’enquête n’a pas permis d’établir d’éventuelles complicités.
Second d’une fratrie de quatre enfants, Mohamed Medjdoub était arrivé en France en août 2017 pour rejoindre sa famille. Titulaire d’une licence de mathématiques et informatique obtenue en Algérie, il était en situation irrégulière en France après s’être vu refuser un visa étudiant.
Depuis son arrestation, l’accusé n’a exprimé aucun regret. Face aux enquêteurs, il a reconnu être un « musulman pratiquant » revendiquant une lecture littérale du Coran. Il a expliqué que son but était de « faire peur aux Français » pour les pousser à voter pour l’extrême droite, ce qui, selon lui, exacerberait les tensions avec les musulmans et provoquerait « une guerre civile » en France. Pour autant, a-t-il soutenu, son opération n’avait pas comme objectif de faire des morts mais seulement de « créer une panique ». Il s’agissait de « terroriser la population même en allant chercher leur pain », a-t-il dit aux enquêteurs en se présentant comme « un soldat de l’islam » ayant « dans (son) for intérieur » prêté allégeance au groupe État islamique (EI).
En prison, l’accusé reconnaît avoir apprécié le voisinage de Salah Abdeslam, membre des commandos du 13-Novembre, avec qui il discutait « du Coran, de ce qui se passe, de tout ». Auteur de plusieurs incidents en détention, se positionnant comme « un sage prodiguant ses savoirs et analyses », il adopte un comportement « particulièrement prosélyte », selon l’administration pénitentiaire. « Quand je croise des musulmans en détention, c’est un devoir pour moi de les convertir (…) et je pense que j’ai du succès », a-t-il admis devant le magistrat instructeur. En avril 2023, lors de son dernier interrogatoire, Mohamed Medjdoub expliquait avoir de la haine « contre toute la France ». « On m’a humilié, on m’a manqué de respect et je vais me venger. Si je prends un Français (…) je vais le décapiter mais aussi le couper en mille morceaux », a-t-il dit. Le procès est prévu jusqu’au 7 avril.