Oreillettes, caméra cachée et intelligence artificielle : c’est la technique qu’ont employée deux Ukrainiens pour tricher au casino d’Annecy.
Arrêtés en flagrant délit par la police des jeux, ils viennent d’être condamnés chacun à 15 mois de prison.
Mais est-ce vraiment facile de débusquer les escrocs ? Pour s’en rendre compte, le JT de TF1 s’est glissé dans les coulisses du casino de Royan (Charente-Maritime).
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Le 13H
Le casino de Royan (Charente-Maritime) est sans doute l’endroit le plus sécurisé de la ville. Et pour cause : avec 230 machines à sous et un jackpot maximal de 130.000 euros, les joueurs sont sous haute surveillance. Cela commence par un contrôle systématique des cartes d’identité, tandis que des caméras sont installées un peu partout. Le directeur des jeux, Arnaud Guivarch, avance un chiffre : « On est supérieur à la centaine », lance-t-il dans le reportage du JT de TF1 visible ci-dessus. Mais il précise qu’il n’y a pas de caméras à l’intérieur des machines. « Ça, ça fait partie du mythe des clients », sourit-il.
Une surveillance que les joueurs acceptent volontiers, hypnotisés par l’appât du gain. « C’est bien pour la sécurité. S’il y a un problème en salle, ils peuvent intervenir », affirme l’un d’eux. Une retraitée ajoute : « On peut oublier un ticket, on peut laisser un sac à main. Donc, automatiquement, vous allez au guichet, ils regardent la caméra et ils savent ce qui s’est passé ».
Toutes nos poches sont cousues afin de ne pas y glisser de jetons et de ne pas partir avec des jetons
Toutes nos poches sont cousues afin de ne pas y glisser de jetons et de ne pas partir avec des jetons
Christelle, croupière au casino de Royan
Le jour du reportage de TF1, la police des jeux est aussi sur le pont et déambule dans les allées du casino pour tenter de traquer les tricheurs. « Je suis officier de police judiciaire, enquêteur spécialisé dans le domaine des courses et des jeux, mais incognito », se présente-t-il, le visage caché. Et de poursuivre : « La triche est très difficile parce qu’il faudrait des moyens assez importants, des complicités à l’extérieur du casino et des complicités à l’intérieur du casino. Les tricheurs ont parfois quelques coups d’avance, mais on arrive toujours à les rattraper », explique-t-il.
Cette présence discrète a permis l’arrestation de fraudeurs au casino d’Annecy (Haute-Savoie), il y a quinze jours. Le duo de malfaiteurs a détourné 160.000 euros à l’aide d’un smartphone et d’une caméra. Voilà pourquoi les journalistes de TF1 n’ont pas eu accès à la salle de vidéosurveillance, trop sensible. Le directeur-général accepte cependant d’ouvrir l’armoire à clés, un lieu hautement stratégique. « Ce sont des clés qui vont permettre notamment d’ouvrir des machines à sous, d’ouvrir certaines portes dans le bâtiment. Moi, si je prends une clé, on sait que je prends la clé et on sait à quelle heure je remets la clé et quelle clé précisément a été prise », souligne Sébastien Guibert.
Christelle travaille comme croupière depuis plus de vingt ans. Elle détaille les dessous de son poste. « Toutes nos poches sont cousues afin de ne pas y glisser de jetons et de ne pas partir avec des jetons », affirme-t-elle. Elle a appris à repérer les techniques de fraude. « On vérifie les joueurs en bout de table, qu’il n’y ait pas au dernier moment des petites ‘poussettes‘ », précise-t-elle. Ce stratagème ne requiert aucun matériel sophistiqué, mais il exige une certaine dextérité : concrètement, juste avant l’arrêt de la roulette, un joueur place un jeton sur le tapis, alors qu’il n’en a plus le droit. Christelle souligne que c’est le chef de table qui prend la décision finale. « S’il dit : ‘non, ça ne joue plus’, on retire la mise ».
Même précaution pour les machines à sous. Ici, les 80 salariés sont agréés par le ministère de l’Intérieur. Eux aussi sont très surveillés, notamment pour les changements de tickets à l’intérieur des machines. « On doit intervenir à deux pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de malversation. Il y a une personne qui est là pour contrôler et pour éviter les tentations », assure l’un d’eux. Protocole similaire pour les fameuses cartes à jouer du blackjack. « Pour éviter qu’il y ait de la triche, ou que quelqu’un amène des cartes qui seraient dans le commerce, ce sont des cartes qui ont une Marianne dessus. Vous ne pouvez pas les trouver dans le commerce. Ce sont des cartes qui sont vraiment habilitées pour les casinos », précise-t-il.
Dans la plupart des cas, le tricheur risque l’exclusion. Il peut également finir devant la justice. Environ 40.000 personnes sont interdites de jeux en France.