- L’émotion est forte après le suicide dans le Cantal d’une directrice d’école de 42 ans ce lundi, jour de la rentrée des classes.
- Depuis plusieurs mois, elle était la cible d’insultes homophobes et de menaces de mort.
- Au micro de TF1, le Syndicat des directrices et directeurs d’école exprime ses regrets de ne pas avoir agi plus tôt.
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Le 20H
Dans le petit village de Moussages, dans le Cantal, tout le monde connaissait Caroline Grandjean. Elle était l’ex-directrice d’une école comptant seulement une dizaine d’élèves. Mais ce lundi 1ᵉʳ septembre, l’enseignante de 42 ans s’est donné la mort, après des années de harcèlement en raison de son orientation sexuelle.
Pour les habitants, l’émotion est vive. « J’avais deux petites filles à l’école à Moussages qui ont été très choquées ce matin. On l’a attaquée sur sa vie privée et ça c’est vraiment le côté franchement dégueulasse »
, raconte une habitante visiblement émue, dans le reportage en tête de cet article.
« Je pense que c’est choquant que finalement on banalise des comportements homophobes. On attend un drame pour se dire
‘ah bah oui, on n’a peut-être pas été assez bienveillants’«
, déplore un autre habitant.
Son message de détresse était resté sans réponse
Le corps de l’enseignante de 42 ans a été retrouvé lundi, en contrebas d’un sentier escarpé. Elle avait alerté sur son mal-être à quelques jours de la rentrée dans un groupe Facebook d’entraide entre directeurs d’école, mais son message était resté sans réponse.
« On s’en veut un peu parce que c’était un appel au secours. On aurait peut-être pu l’aider, on aurait peut-être deviné qu’elle allait passer, en ce jour de rentrée, à l’acte »
, regrette Thierry Pajot, secrétaire général et porte-parole du Syndicat des directrices et directeurs d’école (S2DE).
Nous avons toujours agi afin d’apporter notre soutien à Madame Grandjean
Nous avons toujours agi afin d’apporter notre soutien à Madame Grandjean
Julien Audinet, délégué et représentant des parents d’élèves de l’école de Moussages
Cela faisait plusieurs mois que Caroline Grandjean exprimait sa souffrance. Une bande dessinée a même été créée pour raconter son ressenti. Harcelée par un corbeau qui lui lançait des insultes homophobes, elle avait porté plainte et était en arrêt de travail depuis la dernière rentrée. Elle racontait dans cette BD ne pas se sentir soutenue par l’Éducation nationale et les parents d’élèves, ce que contestent leurs représentants.
« Nous avons toujours agi afin d’apporter notre soutien à Madame Grandjean, bien sûr, et condamner fermement les faits qui sont l’œuvre d’un individu qui malheureusement n’a pas été identifié suite à l’enquête »,
assure Julien Audinet, délégué et représentant des parents d’élèves de l’école de Moussages.
Dans un communiqué, l’académie de Clermont-Ferrand se défend également, assurant qu’elle « suivait de près sa situation, préparant son retour en tenant compte de ses souhaits ».
Une cellule d’écoute a été activée ce mardi pour le personnel éducatif de la circonscription. Le rectorat va lancer une enquête interne pour faire la lumière sur d’éventuels manquements.
Le ministère de l’Éducation a annoncé dans un communiqué mardi soir avoir saisi l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche « pour réaliser une enquête administrative »
portant sur « l’ensemble des faits et des procédures »
ayant précédé le décès.