Des téléphones portables sont régulièrement saisis en prison, où ils sont normalement interdits.
Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a annoncé lors d’une interview au 20H de TF1 vouloir les éradiquer.
Mais dans la réalité, le personnel pénitentiaire est dépassé.
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LE WE 20H
Vidéos de recettes de cuisine, photos des cellules… Sur les réseaux sociaux, les détenus montrent leur vie quotidienne à l’intérieur-même de la prison. Une pratique illégale puisque les téléphones portables sont censés y être bannis. Mais beaucoup parviennent à les faire rentrer, puis à les cacher, comme le montre la vidéo du JT de TF1 en tête de cet article.
1200 téléphones saisis en un an à Nantes
À Nantes, le phénomène a pris de l’ampleur ces dernières semaines. Le jour de Noël, près de 200 colis ont été jetés au-dessus du mur d’enceinte du centre pénitentiaire. Certains paquets ont même été amenés par drone jusque sous les fenêtres des cellules. Les prisonniers ont ainsi pu obtenir de la part de leurs proches des armes, de la drogue et des smartphones.
Les riverains du quartier s’y sont habitués. « Depuis qu’on est ici, il y a dû avoir facilement deux drones. Je crois qu’ils ont attrapé une personne qui avait fait la livraison », assure une femme à notre micro. Un automobiliste ajoute : « Il y a souvent un agglutinement de jeunes, assez tard dans la nuit, qui viennent jusqu’à la barrière, pour soit balancer des paquets ou tirer des projectiles. »
En tout, près de 1200 téléphones ont été saisis l’année dernière à la prison de Nantes mais cela ne représenterait que 10% des stocks. Il existe bien des systèmes pour empêcher leur utilisation mais ils sont inefficaces, selon William Cozic, délégué syndical FO Justice : « Aujourd’hui, nous avons des brouilleurs qui détectent mais la technologie avance tellement vite que notre administration a toujours un peu de retard. On est totalement démuni, à part des fouilles a posteriori. »
Gérald Darmanin veut « nettoyer les prisons »
L’exemple nantais est devenu le symbole de ce fléau qui grandit partout en France. S’il est difficile d’intercepter les colis, il faut inspecter directement les cellules pour les retrouver. Il y a quelques semaines, une équipe de TF1 avait pu filmer l’une de ces opérations. Un téléphone avait alors été retrouvé.
Une autre solution consisterait donc à brouiller les communications pour rendre tout portable inutilisable. C’est déjà le cas dans 18 des 186 prisons et maisons d’arrêt de l’Hexagone mais le garde des Sceaux veut développer ce système dans « l’intégralité des établissements pénitentiaires » pour éviter d’avoir des « détenus qui ont des téléphones portables, qui continuent leur trafic, gèrent leur point de deal ou commandent des assassinats de leur prison« . Ce jeudi 26 décembre, il a annoncé sur TF1 sa volonté de « nettoyer les prisons », grâce à des opérations « place nette » similaires à celles lancées contre le trafic de drogue.
De leur côté, les syndicats demandent plus de moyens. « On est en manque de personnel. On ne peut pas se limiter exclusivement à faire certains secteurs de détention dans certains établissements précis. Il faut fouiller l’ensemble des structures sinon ça n’a aucun intérêt », affirme Wilfried Fonck, secrétaire national de l’UFAP-UNSA Justice.
Depuis 2018, plus de 100 millions d’euros ont été investis par le ministère de la Justice pour tenter d’éradiquer les portables. Leur possession en prison est passible de cinq ans d’emprisonnement, qui peuvent s’ajouter à une peine déjà en cours d’exécution.